Les préparatifs de l'Aïd tournent autour de la friperie et rien d'autre. «La frénésie constatée les années passées pour l'achat des vêtements avant les fêtes de l'Aïd a disparu de la ville de Bordj Bou-Arréridj pour se transformer en ruée sur les produits de la friperie made in China et autres pays asiatiques ou européens, alors que les produits vestimentaires nationaux ne sont plus demandés, malgré des prix abordables ». C'est le premier constat des propriétaires des magasins du centre-ville, désertés par la foule venue des 34 communes de la wilaya qui, d'habitude, assiège, de jour comme de nuit, les grands magasins de la production nationale à la recherche de vêtements, notamment pour enfants. Cette année, surtout après le ftour, la foule se presse dans les quartiers populaires ou les fripiers, en louant des garages, attirent le maximum de familles. La grande foule, elle, est perçue également au niveau de l'avenue principale des 500 Logements où des dizaines de magasins de friperie exposent toutes sortes d'effets vestimentaires à bas prix, défiant toute concurrence, soit une réduction parfois de plus de 50 % par rapport à un même article de la confection nationale, comme les jeans par exemple. Un fripier le propose parfois à 200 DA, alors que dans les magasins, il est affiché à 800 DA. La différence de prix entre les autres vêtements, comme les souliers, les pantalons, les jupes pour filles sont de taille également. «Nous ne pouvons lutter contre les fripiers et encore moins contre les trabendistes installés dans tous les souks de la wilaya», disent les commerçants propriétaires des magasins avec devantures bien garnies et ornées d'habits made in Algeria. Pourtant, tous les commerçants sont unanimes à reconnaître que la production nationale de l'habillement a gagné en qualité et peut se frotter à la production du prêt-à-porter européen, mais contre la friperie, elle ne peut pas gagner le combat. Or, le malheur des uns fait le bonheur des autres, notamment des pères de famille qui n'hésitent pas à clamer les «vertus des effets vestimentaires du ballot» (el balla). «J'ai trouvé des habits pour mes cinq enfants, âgés entre dix et vingt ans pour moins de 2000 DA, soit 400 DA par gosse», chez un commerçant qui expose des habits chinois. Aussi, la production nationale d'habillement, si elle ne trouve pas des armes de lutte, va connaître une chute brutale, d'autant plus qu'on s'attend à une ouverture des frontières, déjà fébriles, en cette période de l'Aïd. Ainsi, les préparatifs de l'Aïd à Bordj Bou-Arréridj tournent autour de la friperie et rien d'autre, sauf peut-être pour les femmes, la préparation des gâteaux.