Chaque boutique réserve une journée de la semaine pour le nouvel arrivage et c'est ce jour-là que se font les bonnes affaires. Les préparatifs de la rentrée scolaire ont déjà commencé et les familles algériennes s'attellent à acheter le nécessaire, notamment des vêtements pour leurs enfants. Loin d'être une partie de plaisir, cet exercice est devenu au fil des années, un cauchemar pour les parents, tant les prix sont exorbitants, mais aussi pour les enfants qui ne peuvent pas toujours acheter ce qu'ils veulent. Mais le pire cette année, c'est la simultanéité de la rentrée scolaire avec le mois sacré du Ramadhan, puisque celle-ci arrive au beau milieu du mois du jeûne et sera rapidement suivie par la fête de l'Aïd. Alors comment les parents vont-ils faire pour passer ces deux périodes de saignée économique? La réponse se trouve dans la constatation manifeste du rush qu'accusent les friperies en cette fin de saison estivale. De la rue Hassiba Ben Bouali à Bab El Oued, en passant par Didouche Mourad, à Alger, c'est la ruée, le sprint vers la bonne affaire. En effet, pour la rentrée d'un côté et l'Aïd de l'autre, la plupart des chefs de familles, rencontrés dans ces commerces ont indiqué avoir recours à la fripe pour pouvoir économiser et acheter quelque chose de potable pour l'Aïd. «J'ai trois enfants, et je ne peux pas acheter des tenues pour la rentrée et d'autres pour l'Aïd, alors, on est obligé de faire un choix, et on a choisi d'acheter "chiffoune" pour la rentrée et des vêtements neufs pour l'Aïd», a confié Nadir, un père de famille rencontré dans l'une des friperies de la rue Hassiba Ben Bouali. Nadia, une mère de famille a, quant à elle, indiqué qu'elle a recours à ces boutiques depuis 4 ans déjà. Cette dernière, divorcée, ayant deux enfants à charge, a déclaré qu'elle n'avait guère le choix que de se rabattre vers ces produits: «Avec un revenu comme le mien, je ne peux rêver d'acheter des vêtements neufs, alors je suis obligée d'acheter ceux-là; d'un côté, ce n'est pas si mal que ça, parce qu'on peut trouver des produits de qualité, et acheter des vêtements de marque à des prix plus que raisonnables» a-t-elle confié. En effet, après avoir effectué un tour d'horizon des friperies du centre-ville, on n'a pu que constater que les prix pratiqués dans le secteur étaient imbattables. Chaque boutique réserve une journée de la semaine pour le nouvel arrivage et c'est ce jour-là que se font les bonnes affaires. Ceux qui s'y connaissent, comme Rania, savent que c'est le matin, de très bonne heure, dès l'ouverture du magasin, pour avoir le meilleur choix au meilleur prix. «Il y a des commerces comme celui-là où je suis pratiquement une abonnée, et je connais les jours du nouvel arrivage, il y a même ceux qui gardent pour moi certains vêtement susceptibles de me plaire», a-t-elle indiqué. Par ailleurs, au fur et à mesure que les jours s'écoulent, les prix fixés initialement, au moment de l'arrivage, sont revus à la baisse, jusqu'à atteindre parfois le prix de 50 dinars pièce, surtout à l'approche de la livraison suivante. C'est donc un choix stratégique mais aussi économique que font les familles algériennes pour se vêtir et vêtir leurs enfants à la veille de la rentrée sociale.