Le blé russe veut sa part du marché algérien La Russie promet une économie qui oscille entre 5 et 20 dollars par tonne de blé, importante au vu de la quantité qu'importe l'Algérie annuellement. La France a du souci à se faire. Elle risque de perdre son premier client en blé. Deux containers devraient accoster à Alger au premier semestre de 2019, contenant au total 40 tonnes de céréales russes, dans le but d'être testées. Le processus a l'air de s'accélérer. L'Algérie, parmi les plus grands importateurs de blé dans le monde, réfléchit à la possibilité de changer de fournisseur, alors qu'elle se fournissait à hauteur de 98%, en France. Pour se faire une idée, la facture d'importation des céréales a atteint 2,71 milliards de dollars en 2016. Presque autant à perdre pour la France. «Une délégation composée de représentants du ministère de l'Agriculture et de l'Office algérien interprofessionnel des céréales et d'experts agronomes s'est déplacée au début du mois en cours en Russie pour amener des échantillons de blé russe», déclarait Kamel Fernah en octobre. Le but du déplacement était l'analyse des taux d'ivraie, de poussière et de résistance à l'humidité, avait-il précisé. Il semble que les choses n'en soient pas restées là, puisqu'un échantillon plus important arrivera en Algérie dans les mois qui viennent. La France devrait également envoyer une délégation au début de l'année prochaine afin de discuter des livraisons de blé. L'Algérie s'est approvisionnée en blé essentiellement en France, et ce depuis belle lurette. Elle y achetait l'essentiel des 7 millions de tonnes de blé qu'elle importe annuellement. Mais Arkadi Zlotchevski, président de l'Union céréalière russe, déclarait à Sputnik que «le blé russe est moins cher et de meilleure qualité». Le seul frein à la clôture de la transaction est la teneur en grains punaisés. En effet, le cahier des charges algérien est exigeant dans ce domaine et ne tolère qu'un taux de 0,1% de grains punaisés. C'est ce qui donne l'avantage au blé français. Le taux russe est lui de l'ordre de 0,5%. Selon Zlotchevski, le seul avantage du blé français est constitué par les instruments financiers que la France offre dans ses transactions avec l'Algérie, notamment un délai de paiement allant jusqu'à un an. La Russie serait incapable d'offrir de telles conditions de paiement, mais elle promet une économie qui oscille entre 5 et 20 dollars par tonne de blé, qui représenterait une importante économie, au vu de la quantité qu'importe l'Algérie annuellement, particulièrement dans le contexte actuel, où les autorités algériennes cherchent à tout prix à faire baisser la facture des importations. Si les tests sanitaires du lot s'avèrent concluants, l'Algérie pourrait songer à se fournir entièrement auprès de la Russie. Elle serait même intéressée par le lait et la viande bovine russes. «L'Algérie a le droit de chercher un marché plus compétitif», avait déclaré Kamel Fernah.