Près de 200 pays sont présents au rendez-vous polonais Avec l'accord de Paris en 2015, le monde s'est engagé à limiter la hausse de la température à +2°C par rapport à l'ère préindustrielle, et idéalement à +1,5°C. Les signes sont clairs: la planète se réchauffe, déchaînant les catastrophes. Face à l'urgence, quelque 200 pays réunis en Pologne vont tenter de mettre en orbite l'accord de Paris, malgré des vents contraires peu propices à une réponse ambitieuse. Désastres météo, incidence sur la santé ou les rendements agricoles... «La science montre clairement que nous avons seulement une décennie pour juguler les émissions de gaz à effet de serre», souligne Johan Rockströem, du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK). «C'est pourquoi nous devons commencer maintenant», sous peine que les gouvernements d'aujourd'hui restent «dans les mémoires pendant des générations» pour leur échec, plaide-t-il alors que commençait hier, pour deux semaines, la 24e conférence de l'ONU sur le climat (COP24) à Katowice, en pleine région houillère. Avec l'accord de Paris en 2015, le monde s'est engagé à limiter la hausse de la température à +2°C par rapport à l'ère préindustrielle, et idéalement à +1,5°C. Et le récent rapport des scientifiques du Giec a souligné la différence «nette» des impacts entre ces deux objectifs, que ce soit sur les vagues de chaleur ou l'augmentation du niveau des mers. Mais les engagements pris aujourd'hui par les signataires de Paris mèneraient à un monde à +3°C. Alors que la planète a déjà gagné +1°C, il faudrait, pour rester sous +1,5°C, que les émissions de CO2 soient réduites de près de 50% d'ici à 2030 par rapport à 2010, selon le Giec. Les Etats seront-ils prêts à répondre à ce signal d'alarme lors de cette COP24 -dont l'ouverture prévue est reportée à 10h30 GMT? Les membres du G20, à l'exception des Etats-Unis, ont certes réaffirmé samedi leur soutien à l'accord de Paris. Donald Trump a répété au G20 son rejet de l'accord de Paris et le futur président brésilien Jair Bolsonaro, a évoqué une sortie de son pays également du pacte climatique. «Les étoiles ne sont plus alignées, manifestement», déplore Seyni Nafo, porte-parole du groupe Afrique. «Mais pour l'Afrique, quelles que soient les péripéties de la géopolitique, nous n'avons pas le choix. Nous ressentons les impacts du changement climatique tous les jours (...) Nous allons amplifier notre action contre le changement climatique», déclare-t-il. Le sommet d'une journée à Katowice, où seuls une vingtaine de dirigeants sont confirmés, dont les Premiers ministres néerlandais et espagnol ou les présidents du Nigeria et du Botswana, pourrait donner un signe des intentions du reste du monde. Mais malgré le dialogue politique dit de «Talanoa» destiné à évoquer une hausse des ambitions, les observateurs craignent que la plupart des Etats, encouragés à réviser leurs engagements pour 2020, attendent un autre sommet convoqué par le secrétaire général de l'ONU en septembre Comme une loi a besoin d'un décret d'application, l'accord ne pourra libérer son potentiel sans des règles précises, notamment sur la «transparence» (comment les Etats rendent compte de leurs actions, leurs financements, leurs résultats) ou le degré de flexibilité accordé aux pays les plus pauvres. Mais les débats risquent d'être très âpres sur ces sujets sensibles, tout comme sur la question des financements Nord-Sud. Les pays développés se sont engagés à porter à 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020 le financement aux politiques climatiques des pays en développement. Même si ces flux sont en augmentation selon l'Ocde, beaucoup de pays du Sud réclament des engagements plus clairs pour que cette promesse soit tenue.