Ce mouvement qui s'affirme comme une légende et une épopée Les manifestations du 11 décembre 1960 ont pavé la voie vers les négociations et les accords d'Evian du 18 mars 1962. C'était le couronnement de tout un processus et un parcours de lutte aussi héroïque que légendaire d'un peuple en armes contre la déraison du plus fort et un ordre inhumain et injuste. L'histoire du mouvement de Libération nationale est pétri de haltes charnières. Ce mouvement qui s'affirme comme une légende et une épopée d'un peuple racé et indomptable, lui donne un statut d'une nation inébranlable, même si dans beaucoup de circonstances, il a eu à braver les risques, les échecs et des situations des plus dramatiques. C'est le cas de la date du 11 décembre 1960, elle rappelle et interroge l'histoire récente d'un peuple en armes et d'une nation qui a fait de la résistance à l'ennemi et sa machine coloniale sa force et son génie à la fois. Les manifestations du 11 décembre 1960 ont remis les pendules à l'heure, elles ont rappelé l'ordre colonial français en démasquant ses visées et ses stratagèmes dans le but de mettre en place une troisième force pour saborder l'élan révolutionnaire de la lutte armée et l'espoir de voir le peuple algérien accéder à son indépendance et le recouvrement de sa souveraineté. Avec ces manifestations grandioses et un retentissement international inégalé, le mouvement de libération a été sauvé de ses tiraillements et a su mettre en échec les desseins du général de Gaulle qui cherchait vaille, que vaille à installer une espèce d'entité hybride qui aura à se proposer comme une troisième voie pour un statu quo où le FLN et l'ALN n'auront pas le droit au chapitre dans le processus du «compromis» qui se tramait par le général de Gaulle et ses disciples qui tenaient à mort au «mythe» de l'Algérie française. Il faut dire que les cinq années de la glorieuse révolution algérienne étaient rudes et jonchées de crises et de problèmes liés à l'approvisionnement des maquis en armement et de coordination à cause des frappes et de coups durs qu'elle a reçus de celui que à tort ou à raison elle l'avait qualifié comme homme de paix et de la situation, le général de Gaulle en l'occurrence. Les opérations «Jumelles», «Pierres précieuses», «Oiseau bleu» et le plan Challe et autres opérations plus musclées et insoutenables, avaient leur poids et leurs conséquences sur le processus du mouvement de libération armé à l'intérieur du pays. Le 11 décembre 1960 c'était le déclic qui s'inscrivait en droite ligne de la résistance du peuple algérien contre l'envahisseur depuis 1830. les hommes et les femmes et enfants avaient bravé la mort en décidant de se soulever et manifester leur attachement à la Révolution nationale et aux valeureux combattants de l'ALN et aussi au FLN comme expression naturelle de leur droit à l'indépendance et au recouvrement de la souveraineté nationale. Dans cette dynamique, ces Algériens des «bas-fonds» ont su, par leur instinct révolutionnaire et par leur spontanéité, comment renverser la situation et venir à la rescousse d'une héroïque révolution qui subissait les revers d'un colonialisme qui a usé de tous les moyens draconiens d'une puissance qui recevait l'aide militaire de l'Otan. Un slogan émanant des entrailles de cette majorité du peuple algérien qui croupissait dans l'injustice et la déchéance la plus totale a décidé de prendre son sort avec ses propres mains et entonner d'une seule voix «Vive le GPRA, vive le FLN, l'Algérie algérienne et indépendante». Cette spontanéité qui a étonné l'establishment colonial et ses supplétifs, a redonné de l'étoffe et de l'élan à la Révolution nationale et au moral des combattants qui traversaient une épreuve très dure. La manifestation qui a vu l'implication de toutes les catégories du peuple algérien, que ce soit dans l'Algérois ou ses régions environnantes, avait mis devant le fait accompli l'appareil répressif du colonialisme français qui n'a pas tardé pour en découdre avec ce soulèvement pacifique de la manière la plus sauvage et barbare. La manifestation a eu un effet retentissant sur le plan national et international. Elle a battu en brèche toutes les tentatives du général de Gaulle et les zélateurs de l'Algérie française. Tous les plans qui s'inscrivaient dans l'objectif de détourner les populations algériennes de l'indépendance en renforçant les programmes visant l'intégration du «colonisé» dans le carcan de l'assimilation à travers les plans de Constantine, les SAS et les HLM, n'ont pas pu résister à la flamme libertaire et indépendantiste de l'écrasante majorité des Algériens qui ont estampillé la manifestation du sceau de l'Algérie-algérienne et- le GPRA et le FLN-aln seuls représentants de ce vaillant peuple aspirant à sa liberté et à son indépendance. La troisième voie, que De Gaulle, voulait in extremis, n'a pas pu vivre longtemps et le rêve de «pacifier» encore une fois la terre algérienne ne s'est pas réalisé. Les manifestations du 11 décembre 1960 ont pavé la voie vers les négociations et les accords d'Evian du 18 mars 1962 comme couronnement de tout un processus et un parcours de lutte aussi héroïque que légendaire d'un peuple en armes contre la déraison du plus fort et un ordre inhumain et injuste.