Les évènements du 11 décembre 1960 ont été, hier, le thème d'une conférence-débat au forum d'El Moudjahid. L'ancien homme d'Etat, Redha Malek, a affirmé à cette occasion que «la spontanéité des manifestations a été à l'origine de la sortie des manifestants». L'ancien Premier ministre (du 21 août 1993 au 11 avril 1994) considère les manifestations du 11 décembre 1960 comme un «Dien Bien Phu psychologique». Pour l'ex-politicien et diplomate, converti depuis peu en écrivain, les autorités coloniales ne s'attendaient nullement aux manifestations qui ont drainé des milliers d'Algériens pour s'opposer aux propositions, en premier lieu de De Gaulle qui voulait «une Algérie algérienne»" et en second lieu «des fanatiques pieds-noirs qui voulaient une Algérie française». «La France pensait avoir gagné sur le terrain. Mais en voyant le déferlement des foules, dans toutes les villes d'Algérie, des centaines de milliers de manifestants, De Gaulle a compris que l'indépendance algérienne était inéluctable, car soutenue et réclamée par le peuple», a affirmé l'ancien président de l'Alliance nationale pour la République. Et de poursuivre : «Ce jour-là, en voyant les milliers de drapeaux algériens portés par les manifestants, les militaires et policiers français ont commencé à tirer sur n'importe qui, tuant des centaines et des centaines de manifestants. Jusqu'à l'heure d'aujourd'hui, nous ne connaissons pas le bilan des décès avec exactitudes. Mais je pense qu'il est estimé à plus de 1500 personnes, ajouter à cela les blessés.» Sur le plan international, «si la question algérienne a été inscrite dès 1955, elle a été à maintes fois repoussée. Et ce sont les évènements du 11 décembre 1960, ayant entraîné des manifestations pendant plus d'une semaine, qui ont constitué la cause pour que l'ONU demande une solution au conflit et ce tout en reconnaissant le FLN et le GPRA comme seuls interlocuteurs pour représenter le peuple algérien. Aussi, deux résolutions ont été votées. Il s'agit notamment de la 1514 qui reconnaît le droit à l'autodétermination des peuples colonisés. Nous pouvons dire, outre l'indépendance en 1956 du Maroc et de la Tunisie, devenus libres grâce au déclenchement de la guerre de Libération, que l'Algérie a été à l'origine de cette résolution qui consacre aux peuples encore colonisés un moyen pour pouvoir s'exprimer sur leur avenir», a expliqué l'ancien membre de la délégation FLN lors des négociations d'Evian. Le conférencier a insisté sur «le caractère populaire de la Révolution». Il a indiqué que «les manifestations du 11 décembre en sont la preuve». «La spontanéité des manifestations ont été pour leur grande part à l'origine de la colère des manifestants», a-t-il argumenté. Sur sa lancée, il a affirmé que «c'est par la suite que le FLN a encadré les manifestants». Il a sur un autre point évoqué le rôle majeur joué par la presse internationale, métropolitaine particulièrement. «La presse française, toutes tendances confondues, a accompagné le général de Gaulle pour couvrir sa visite en Algérie (9 décembre 1960). Les Algériens, pour montrer leur opposition à son projet d'Algérie algérienne et pour contrer celui des ultras qui voulaient le maintien de l'Algérie française, ont manifesté avec force. Ironie du sort, les journalistes ont couvert avec professionnalisme les événements du 11 décembre. Ils ont montré au monde entier les exactions de l'armée et de la police coloniale. Ils ont également mis en avant la volonté et le désir du peuple algérien d'accéder à l'indépendance.». «La Révolution algérienne est la plus importante et la plus grandiose de la deuxième moitié du XXe siècle», a-t-il rappelé à maintes reprises.