L'émir de la région 9 du Gspc est depuis longtemps coupé de la nouvelle direction de l'organisation. Une source sécuritaire digne de foi nous a affirmé que Mokhtar Belmokhtar, l'émir du Gspc pour la zone 9 du Sud algérien, serait actuellement en négociation avec les autorités militaires afin d'aboutir à une «solution négociée» avant la fin de l'année. MBM a «cessé les hostilités dans le Sud algérien depuis au moins deux mois», ce qui «prélude à une cessation définitive des hostilités et une fin de la violence armée dans le Sahara», ajoute notre source. Si l'information s'avère fondée, MBM serait la seconde figure importante, après l'annonce faite par certains médias concernant la trêve décrétée par Hacène Hattab, le fondateur du Gspc en 1998, à avoir décidé la fin des hostilités. Mais pour l'un comme pour l'autre, la marge de la manipulation de l'information demeure assez importante pour permettre le doute, l'essentiel étant d'accentuer les dissensions internes et de rallier au principe de trêve le plus d'hommes armés de l'organisation, en vue d'isoler la direction. Dans un communiqué diffusé le 27 septembre, soit deux jours avant la date du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale, le Gspc a réitéré son rejet de l'offre de paix proposée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et incité ses hommes à accentuer la pression sur les autorités. Dirigé actuellement par Abdelmalek Deroukdel, qui signe les communiqués sous le nom de guerre de «Abou Mossâb Abdelwadoud», un natif de Meftah, ancien universitaire en électronique et spécialisé dans les explosifs, le Gspc ne semble plus en mesure de se restructurer. «Décapité» par la mort de Nabil Sahraoui et Abi Abdelaziz, le chef et le conseiller militaire, tués tous les deux lors d'un ratissage mené par l'armée dans les contreforts d'El Kseur, à Béjaïa, par la capture de «Adberrezak El Para», dans le Tibesti tchadien et par la mystérieuse «disparition» de Hacène Hattab, le fondateur, l'émir et le chef de guerre de l'organisation, le Gspc subit les contrecoups de la dispersion des nouveaux chefs disséminés entre les maquis de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira. C'est certainement l'isolement qui aurait incité Mokhtar Belmokhtar à penser à faire la paix pour s'assurer une sortie honorable du bourbier djihadiste algérien, d'autant plus que les données théologiques, politiques et sociales ne plaident plus en faveur de la continuation d'un pareil combat. Considéré comme l'un des plus anciens chefs de guerre, MBM reste la fascination des autorités. En 1992, à l'âge de 20 ans, il rallie les premiers groupes armés de Laghouat. En 1996, il prend le commandement du Sud à partir de Djelfa et les monts de Boukhil jusqu'à l'extrême-sud du pays au profit du GIA. A partir de 1998, il rallie le Gspc et devient véritablement un des hommes forts de l'organisation au même titre que Hattab, Amari Saïfi, Nabil Sahraoui, Abdelmadjid Dichou et Abi Abdelaziz. Il signe sous le nom de guerre de «Khaled Abou El Abbès» et siège au conseil consultatif du Gspc. Son action qui s'étend sur tout le Sahara algérien, le mène jusqu'aux pays du Sahel, où il contracte de solides alliances. Il s'attaque aux bases-vie de la compagnie pétrolière Sonatrach où il vole camions, 4x4 et ravitaillement. Il est aussi le nouveau pourvoyeur du Gspc en armes et munitions qu'il achète chez les commerçants d'armes du Niger et du Tchad. A partir de 2004, son action s'essouffle à la faveur du nouveau maillage militaire dans le Sud, après l'affaire de l'enlèvement des 32 touristes européens, qu'il avait planifié sous les ordres de Amari Saïfi.