Pour régler la question du leadership entre Belmokhtar et Khelifi Ben Kouider sur la zone 9 du Gspc, l'émissaire de Ben Laden aurait exigé une entrevue avec Hassan Hattab. Le représentant d'Al-Qaîda, Imad Abdelwahid Ahmed, alias Abou Mohamed, abattu en septembre lors d'un accrochage à Marouana, à Batna, aurait rencontré à «djebel Boukhil», dans la région de Djelfa, le terroriste Khelifa Ben Kouider, alias Abou El-Hamam. Ce dernier dirige un groupe de terroristes écumant cette base-arrière de la zone 9. L'émissaire de Ben Laden, précise-t-on de bonnes sources, était accompagné de Mokhtar Belmokhtar (alias Laouar), émir du Gspc évoluant dans le Grand-Sud algérien, et d'un certain Abou Oussama de nationalité algérienne établi en Mauritanie. Cette rencontre, qui a eu lieu en août 2001, juste avant les événements du 11 septembre, concernait la question de leadership qui opposait Belmokhtar à Khelifa Ben Kouider sur la région sud du Gspc. L'émissaire de Ben Laden a émis le voeu de rencontrer Hassan Hattab pour justement «normaliser» cette situation. Ce groupe avait totalement disparu de la circulation pour reparaître en février 2002. C'est durant cette période d'«absence» de la zone 9, que les terroristes se seraient déplacés au Nord du pays pour rencon- trer le chef du Gspc, estiment nos informateurs. L'on se souvient, par ailleurs, de la rencontre qui a eu lieu, cette fois-ci, entre Abderrazak El-Para, émir de la région Est, Imad Abdelwahid Ahmed de Ben Laden et Belmokhtar sur le traitement des questions d'alliances et de stratégies. Il est vrai que cette entrevue n'a pas été suivie d'une rencontre avec l'émir national du Gspc, comme convenu dans le programme du Yémenite. Abderrazak El Para en a décidé autrement. Cela étant, à en croire des repentis cités par nos sources, Hassan Hattab n'aurait pas perdu pour autant de son pouvoir au sein de l'organisation terroriste. A ce titre, il aurait lui-même désigné à la tête du Gspc de la région du Grand-Sud, Khelifa Ben-Kouider. Ce dernier, recherché par les services de sécurité, était à la tête de la «Katibat djounoud ellah», dans la région de Laghouat, principalement sur l'axe Aflou-Djelfa. Hassan Hattab n'aurait pas apprécié l'attitude de Belmokhtar, qui s'est réfugié au Mali et au Niger en mettant un bémol sur l'action terroriste. En effet, Belmokhtar, dans le cadre de la loi sur la concorde civile et eu égard aux sévères coups que les forces antiterroristes ont portés au groupe qu'il dirigeait, avait engagé, nous dit-on, des contacts en janvier 1999 avec les services de sécurité par l'intermédiaire de membres de sa famille. Cependant, aux dernières nouvelles, Belmokhtar a réapparu après avoir menacé les participants de détourner le rallye Paris-Dakar qui traversait le Nord du Niger, en 1999 et, aussi, sa récente implication dans l'acheminement d'une importante quantité d'armes et de munitions du Sud vers les maquis du Gspc du Nord du pays, qui montrent que ce terroriste active toujours. La question qui reste, toutefois, posée est celle de savoir si cette «insistance au changement voulu» à la tête du Gspc du Sud obéirait à une nouvelle stratégie de redéploiement des terroristes dans cette région à travers, cette fois-ci, un «carnet des charges» signé Al-Qaïda de Ben-Laden auquel le Gspc est indubitablement inféodé.