«Les changements induits par la nouvelle législation ne se feront pas au détriment des consommateurs locaux.» Une augmentation des prix des carburants n'est apparemment pas exclue durant l'année 2006. Evoquant indirectement cette question, le chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, a déclaré lors de son intervention, en marge de l'installation des deux agences de régulation à savoir: l'Agence de régulation des hydrocarbures (ARH) et l'Agence nationale pour la revalorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft), hier au siège de la Sonatrach, que même s'il y a une augmentation elle ne sera pas importante. «Les changements induits par la nouvelle législation en matière de coût de l'énergie et surtout d'affectation de la charge qui en découle, ne seront réalisés ni brutalement ni encore au moins au détriment des consommateurs locaux», a tenu à rassurer le chef du gouvernement. Il expliquera par ailleurs que l'entreprise publique n'a pas, dans aucun secteur, vocation à assumer les charges induites par la politique sociale nationale. C'est à l'Etat qu'il reviendra, à travers le budget public, d'assumer la charge financière induite par la politique sociale qu'il entend appliquer. Cela veut dire que le gouvernement assumera ses responsabilités et ne pénalisera pas les entreprises publiques telles que Naftal, qui demandent une augmentation des marges. Interrogé sur le sujet en question, le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, n'a ni confirmé ni infirmé et s'est contenté de dire que la décision revient aux membres de l'APN. Pour rappel, ce dernier avait toujours plaider pour l'augmentation des marges bénéficiaires pour permettre aux opérateurs d'engager des projets d'investissement et d'améliorer les prestations de service. La cérémonie d'installation des deux agences a en fait consisté en la mise en place des deux directions. Cela traduit d'une manière effective l'entrée en vigueur de la loi sur les hydrocarbures, adoptée en juillet dernier. Les deux agences, faut-il le souligner, sont considérées comme étant l'axe principal sur lequel se base la présente loi. Donc, les fonctions essentielles qui relèvent de la puissance publique, exercées auparavant par Sonatrach, seront confiées désormais, aux deux agences. Celles-ci ont pour mission de promouvoir l'investissement, de contrôler et d'attribuer les contrats de recherche et d'exploration ainsi que de veiller au respect de la réglementation et la gestion des ressources. La Sonatrach s'occupera, quant à elle, de développer davantage ses capacités pour être plus compétitive et élargir sa présence à l'étranger. Lors de son intervention, le chef du gouvernement a déclaré que ce moment «marque le franchissement d'un pas qui fera date dans la réforme globale en cours en Algérie et (symbolise) l'adaptation de l'économie nationale aux règles et aux impératifs de la compétitivité, de la transparence et de la productivité maximale». Ce dernier a mis l'accent sur les missions et les prérogatives des deux agences, lesquelles doivent veiller à réunir toutes les conditions nécessaires, y compris la mobilisation de ressources humaines compétentes pour prendre en charge efficacement leurs missions respectives face à des groupes étrangers, de sorte à promouvoir avec toutes les garanties nécessaires, les intérêts de la nation dans le strict respect de la loi sur les hydrocarbures. M. Ouyahia a également interpellé le ministère des Finances pour renforcer ses expertises et son organisation en matière de gestion de la fiscalité pétrolière, de la fiscalité liée à l'activité en aval dans le domaines des hydrocarbures et en matière de collecte des dividendes dus à l'Etat par les entreprises publiques du secteur. Cela veut dire que c'est la direction des grandes entreprises, fraîchement installée, qui s'occupera également de la gestion de la fiscalité pétrolière. Ce changement permettra à l'Etat de mieux surveiller et d'accroître ses revenus. Sur ce point, le chef du gouvernement s'est attelé pendant un bon moment, à rappeler les avantages de cette loi sur l'économie nationale. S'adressant directement aux parties opposées au projet, entre autres, Louisa Hanoune, il dira que «l'Algérie qui se nourrit actuellement des revenus des hydrocarbures serait, si elle avait choisi le conservatisme confortable, exposée dans une décennie seulement à la diminution de ses capacités de production par le fait de l'épuisement graduel de ses réserves». Et d'ajouter: «Elle serait encore plus vite confrontée à la réduction de ses capacités d'exportation d'hydrocarbures et donc des recettes.» Ces voix semblent oublier, poursuit-il, que les prix actuels du pétrole sont définitivement condamnés à régresser, et même à régresser fortement dans quelques années, car, argumente-t-il, c'est là un cycle constant de ce marché. Devant cet état de fait, le chef du gouvernement a fait savoir que «nous devons tous réaliser dès aujourd'hui, que l'enjeu de la durée de vie de nos réserves en hydrocarbures est une question vitale et pour oeuvrer dès à présent, à promouvoir de nouvelles découvertes et à fructifier au maximum cette richesse». Ces mêmes voix semblent aussi oublier que la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui ne sera applicable qu'aux futurs permis, ne donnera des résultats palpables que dans quelques années, du fait des délais d'attribution de nouveaux contrats de recherche. Il y a lieu de souligner que la porte-parole du PT ne cesse jusqu'à présent de rejeter la nouvelle loi qui met en danger le contrôle des richesses nationales. Pour Ouyahia, le texte de loi a été suffisamment débattu durant les quatre dernières années, et il n'est plus question de tartiner là-dessus. En revanche, il a tenu à saluer la position réfléchie et constructive prise sur ce dossier par l'Ugta, un partenaire, affirme-t-il, qui a toujours su allier sa mission syndicale avec son apport aux intérêts de l'Etat. Par ailleurs, et selon le ministre de l'Energie et des Mines, l'Etat a avancé un budget d'un million de dollars pour financer les deux agences.