Elles sont 58 et 37 listes à concourir pour la prise du pouvoir respectivement à Béjaïa et Tizi Ouzou. C'est une première si l'on considère les scrutins précédents durant lesquels leur présence ne fut que symbolique. Et ce n'est pas sans raison que le FFS et le RCD, plus particulièrement, les prennent pour cible à chacune de leurs sorties. Les indépendants font peur. Ils le font d'autant plus que certains d'entre eux ont déjà fait leurs preuves par le passé. Quatre listes font particulièrement parler d'elles à Béjaïa. Celle conduite par Smaïl Mira à Tazmalt. Instituteur de son état, Smaïl Mira est arrivé en politique en 1985 en tant que maire FLN. Il y restera dix-sept ans, même après l'événement du multipartisme. Il se fait élire encore en 1990 avant de se maintenir comme DEC après la dissolution des APC. Il sera élu 1997 face au FFS. Son intégration au dispositif «patriotique» fera parler de lui comme son père lors de la révolution à travers les actions menées contre les terroristes. Il ne sera pas pour autant épargné par la critique qui va jusqu'à lui faire endosser l'assassinat du jeune Hamza Ouali lors des événements qui ont succédé à la mort de Lounès Matoub. Absent du scrutin de 2002 où il avait opté pour une liste indépendante à l'APW, sans succès, Smaïl Mira revient pour s'affirmer comme un sérieux prétendant aux commandes de la municipalité de Tazmalt. Ses sorties drainent les grandes foules et le placent dans une position de sérieux outsider sinon carrément de favori. Il se veut le candidat de l'édification d'une commune construite sur la justice, la solidarité, le respect des uns et des autres et la garantie de lendemains meilleurs pour les générations à venir Non loin de là, à Sidi Aïch, autre grande agglomération de la vallée, c'est la liste conduite par le Dr Malek Brahiti qui accapare l'attention. Médecin généraliste de son état, le Dr Brahiti est déjà passé à la tête de cette commune sous les couleurs du RCD. Après un passage au FFS, il intègre le RCD mais son ambition politique a vite fait naître des craintes chez les responsables du RCD qui ne veulent pas d'hommes qui font de l'ombre. Deux années après son élection à la tête de l'APC de Sidi Aïch, il sera évincé suite à un vote de défiance. Depuis, il s'est retiré pour se consacrer à son métier de médecin mais sans perdre de vue l'évolution politique et surtout cette complicité avec la jeunesse. Durant les événements du Printemps noir, il fut de toutes les marches allant jusqu' au péril de sa vie pour intervenir au profit des jeunes. Depuis l'annonce de sa candidature, sa permanence ne désemplit pas. Ces meetings drainent des foules. Vendredi passé, la salle des fêtes de la ville s'est avérée exiguë pour la sortie de ce candidat. Aujourd'hui ils sont beaucoup à saluer son retour. A Tifra, commune rurale, une liste indépendante, drivée par Mouloud Ramoul donne de la fièvre aux partis en lice. Aux commandes de l'APC en tant que secrétaire général depuis quelques mois, ce sérieux prétendant s'est attiré une sympathie sans précédent dans la région au point où ce sont des sages qui sont allés lui demander de se présenter. M.Ramoul est connu pour avoir dirigé la ville de Sidi Aïch en tant que DEC. Un passage qui lui a valu respect malgré les “on-dit”. Aujourd'hui, il est à la fois craint et estimé pour les actes dont il est capable. Il concourt avec six autres listes mais à voir la caravane humaine qui l'accompane pour sillonner la commune chaque jour, on comprend les attaques des partis politiques. C'est un sérieux prétendant. Il y a enfin celle de Tizi N'berber sur la côte est de Béjaïa. Conduite par Mouhli Lounès, un patron hôtelier de la région d'Aokas, cette liste ne passe pas inaperçue par, d'abord, les capacités du jeune qui la conduit, mais aussi par le riche programme qu'elle propose.