Le président soudanais Omar el-Béchir est arrivé hier au Caire, pour son second déplacement à l'étranger depuis le début de manifestations antigouvernementales dans son pays, a-t-on appris de source aéroportuaires. M. Béchir a été accueilli par son homologue égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, selon plusieurs médias égyptiens. D'après la présidence égyptienne, une conférence de presse conjointe est prévue «après les entretiens bilatéraux». Mis en difficulté par un mouvement de protestation qui a débuté le 19 décembre, le président Béchir peut compter sur plusieurs alliés régionaux comme l'Egypte, l'Arabie saoudite et le Qatar. Après une détérioration de leurs relations en 2017, lorsque M. Béchir avait accusé l'Egypte de soutenir des opposants soudanais, Le Caire et Khartoum ont surmonté leurs différends. Le Soudan a notamment levé en octobre l'interdiction d'importer des produits d'Egypte, imposée pendant 17 mois. «L'Egypte est confiante dans le fait que le Soudan va surmonter la situation actuelle», a déclaré le mois dernier le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukry. Le président soudanais s'est rendu le 22 janvier à Doha puis à Damas où il a rencontré son homologue syrien. Le Qatar, un riche émirat gazier du Golfe, a apporté son soutien à «l'unité et à la stabilité» du Soudan, sans toutefois annoncer d'aide financière spécifique. Miné par une crise économique et des pénuries, le Soudan est secoué par des manifestations quasi quotidiennes déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Les protestataires appellent au départ du président Béchir, arrivé au pouvoir il y a près de 30 ans, en 1989, à la suite d'un coup d'Etat. Selon un bilan officiel, 30 personnes ont trouvé la mort lors de ces manifestations, des ONG évoquant de leur côté au moins 40 morts et un mouvement d'opposition jusqu'à 50. L'Association des professionnels soudanais (SPA), fer de lance de la contestation, avait appelé samedi à des manifestations nocturnes. Selon des témoins, des tentatives ont eu lieu, mais aucune manifestation d'ampleur n'a été enregistrée. Hier, la SPA a appelé à des sit-ins à Khartoum et à Omdurman, la ville voisine. Elle a aussi exhorté à des manifestations à travers le pays jusqu'à mercredi.