Selon le directeur de cette institution, l'augmentation des salaires ne devrait pas être une priorité pour le gouvernement. Les recommandations de la conférence sur la facilitation des échanges commerciaux entre l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, qui s'est clôturée hier à Alger, sonnent comme une véritable feuille de route pour ces pays, sommés de rattraper un retard qui n'a que trop duré. Dans une conférence de presse, tenue hier à Djenan El Mithak, le directeur général du FMI a clairement affirmé que rien ne justifie ce «blocage», notant que les échanges entre les pays de la région représentent moins de 2% de leur commerce extérieur. Mais les pays du Maghreb ont-ils besoin de tutelle pour impulser l'intégration économique régionale? Et puis quel rôle compte réellement jouer le Fonds monétaire international dans le cadre de ce processus? Le conférencier n' est pas allé par quatre chemins pour révéler les ambitions de la communauté internationale dans le cadre de ce grand projet. «Une intégration économique régionale plus poussée au Maghreb peut jouer un rôle capital. Elle donnerait naissance à un marché régional qui dépasse 75 millions de consommateurs. Elle entraînerait des gains d'efficience et rendrait la région plus attrayante pour les investisseurs étrangers», a-t-il souligné. Il ajoute qu'«une structure économique complémentaire des trois pays créerait des opportunités qui bénéficieraient aux échanges régionaux», notamment, bien sûr, avec l'Union européenne et dans un cadre plus global, avec l'OMC. Il est clair que ces deux entités auront tout à gagner à traiter avec un pôle économique régional «homogène». C'est dans ce sens que la rencontre d'Alger, tenue sous l'égide du FMI, fait ressortir un certain nombre de mesures à suivre pour l'harmonisation des réglementations régissant les échanges commerciaux. L'on citera entre autres, «la poursuite des réformes des tarifs douaniers et du secteur financier, la suppression des distorsions au commerce et le développement de la chaîne logistique, y compris les transports et investissements conjoints». Et afin que ces recommandations ne restent pas un voeu pieux, le FMI, en collaboration avec les pays concernés, a établi un programme de travail qui s'étale sur les deux prochaines années. L'on précise que la prochaine conférence régionale aura pour thème les réformes et l'intégration du secteur financier et sera tenue en novembre 2006 au Maroc. Une conférence sur le développement du secteur privé aura lieu à Tunis en novembre 2007. Ce processus sera élargi à la Libye et à la Mauritanie, selon l'orateur. M.De Rato a insisté sur le fait que «le FMI, en sa qualité d'institution internationale publique, interviendra à travers un appui technique». Il a écarté, toutefois, la thèse ayant trait à d'éventuelles, pressions, qu'elles soient politiques ou économiques, exercées sur le Maghreb. Interrogé sur la réouverture des frontières entre l'Algérie et le Maroc, le ministre algérien des Finances, M.Mourad Medelci, s'est contenté de dire que «la question n'était pas à l'ordre du jour de cette rencontre», soulignant par là même que «cette réouverture ne peut être que bénéfique pour les trois pays». De Rato, lui, a précisé que «l'intégration économique régionale n'est pas une question politique». A la veille de la tenue de la tripartite, qui tranchera la question de l'augmentation des salaires, le FMI revient pour faire pression sur le gouvernement. Evoquant cette question, le directeur du FMI a déclaré qu'il avait abordé cette question lors de son entretien lundi dernier avec le chef du gouvernement. Ce dernier a réaffirmé, une nouvelle fois, les suggestions de son organisme pour démontrer l'impact d'une telle décision sur l'économie. «Cette décision, suggère-t-il, doit être prise sur la base d'une politique fiscale qui permet à l'Algérie de réduire le poids de la dette». Donc, il est inutile, selon lui, de parler d'une augmentation des salaires tant que la croissance économique dépend des recettes des hydrocarbures. Cependant, l'émissaire du FMI préconise que le remboursement de la dette doit être une priorité pour le gouvernement algérien. Cela montre clairement que le FMI tente, à travers le dossier de la dette, de faire pression sur l'Algérie pour écarter une éventuelle augmentation des salaires. Ce dernier considère que les recommandations faites récemment par son institution sur les risques que peut générer l'augmentation n'est pas une ingérence comme le prétendent d'autres. «On ne peut pas dire que l'opinion du FMI est une ingérence dans les affaires de l'Algérie car cette institution n'est pas étrangère à la communauté internationale», a-t-il tenu à préciser. Ce genre de jugement n'est pas spécifique seulement à l'Algérie, le FMI, souligne-t-il, intervient dans les politiques économiques et fiscales de tous les pays, y compris les grandes puissances telles que les Etats- Unis. Donner une opinion très qualifiée, arguemente-t-il, permettra au gouvernement d'avoir une vision claire et de prendre une décision qui garantira la stabilité macro-économique du pays. Le responsable pense que la collaboration du FMI est très utile, voire importante pour soutenir le développement économique du pays. Par ailleurs, les discussions avec le chef du gouvernement, souligne-t-il, ont porté également sur plusieurs sujets, entre autres la réforme du système financier et bancaire ainsi que la réforme de l'administration publique. Interrogé sur la gestion de la fiscalité pétrolière en Algérie et le maintien du prix de 19 dollars dans la loi de finances 2006, le responsable pense que beaucoup reste à faire sur ce plan. «Il faut avancer dans une transparence d'utilisation des ressources», a-t-il prononcé. Ses propos démontrent, en effet, que le FMI n'est pas satisfait de la manière dont sont gérées les ressources. D'ailleurs, le directeur avait même insisté, lors de son entretien avec le chef du gouvernement, sur l'utilisation efficace des recettes des hydrocarbures. Pour lui, l'Algérie doit être consciente de la valeur du pétrole et l'accompagner de mesures sociales. Or, avant de procéder à l'amélioration des conditions de vie, le responsable persiste et signe que le remboursement de la dette se présente comme un besoin urgent pour rendre l'économie plus forte. S'expliquant sur la situation économique de l'Algérie, le responsable a déclaré: «J'ai félicité le chef du gouvernement pour les résultats enregistrés sur la croissance économique». Même si le processus de réforme est un peu long, le responsable reconnaît que d'importants progrès ont été réalisés dans ce sens.