Les médias marocains estiment que pour des relations aussi tumultueuses, il faut placer des hommes d'envergure. Depuis sa désignation il y a près de deux mois au poste d'ambassadeur d'Algérie à Rabat, et en attendant sa prise de fonction officielle comme premier interlocuteur algérien dans le royaume chérifien, l'ancien général et directeur de cabinet de la Présidence, Larbi Belkheir, suscite l'intérêt des médias marocains. Ceux-ci ont estimé, aussitôt l'annonce faite de sa désignation au poste d'ambassadeur d'Algérie au Maroc, qu'«aux grands maux, les grands remèdes», c'est-à-dire que pour des relations aussi passionnelles et aussi tendues que celles qui agitent les relations algéro-marocaines, il faut que les négociations soient menées par des hommes de stature. Dans une étude récente faite à Rabat, le 20 novembre dernier par l'écrivain Idriss El-Kandouri sous le titre édifiant d'«un général pour ressouder les relations algéro-marocaines», l'auteur fait une large place à ce «chef militaire rompu aux affaires politiques». El-Kandouri, dont l'article a été, en outre, repris par plusieurs sites sur le web, affirme: «Depuis la prise de fonction de cet ambassadeur plénipotentiaire, les milieux politiques, économiques et d'affaires intéressés par les relations conflictuelles entre l'Algérie et le Maroc ont commencé à élaborer tous les scénarios imaginables qui seront mis en marche par le travail de lobbying de Larbi Belkheir. Sa qualité de «ministre plénipotentiaire» n'est pas fortuite», dit le rédacteur de l'étude, qui précise que le nouvel ambassadeur est l'homme des situations difficiles, aussi bien durant le règne de Chadli Bendjedid que durant la décennie sanglante des années 90, ou encore pendant les premières années de Bouteflika, où il a joué en même temps le rôle de l'homme de l'ombre, du mentor et du directeur de cabinet, avant d'être désigné durant l'été 2005 ambassadeur au Maroc. Il y a à signaler ici qu'être ambassadeur au Maroc a de tout temps été perçu par l'Algérie comme une mission d'intérêt stratégique. Dans l'échiquier diplomatique algérien, Rabat, tout aussi bien que Tunis, Paris, Moscou et Washington, revêt une importance capitale et bénéficie d'un intérêt particulier et privilégié. Des hommes dont la stature politique n'est plus à démonter comme Abdelhamid Mehri ou Boualem Bessaïah ont représenté l'Algérie au Maroc et c'est pour cette raison que les milieux politiques marocains attendent beaucoup de la présence de Belkheir dans le Royaume pour mener les relations algéro-marocaines à bon port. L'immigration clandestine, la réouverture des frontières, la coopération douanière, policière et sécuritaire, les échanges en matière de renseignement sont autant de sujets qui empoisonnent les relations bilatérales entre les deux pays. Mais le principal point de discorde demeure bel et bien la question du Sahara occidental. Même là, les choses semblent évoluer rapidement car si l'Algérie continue à s'en remettre aux résolutions de l'ONU, le Maroc évolue lui aussi vers une «solution négociée» avec les chefs du Polisario. Homme fort du régime durant près de trois décennies, militaire aux atouts politiques majeurs, ancien chef militaire à l'envergure politique indéniable, l'homme controversé mais influent et efficace, Larbi Belkheir a la tâche aujourd'hui de mener à terme une autre mission, des plus difficiles de toute sa carrière. Rappelons que Larbi Belkheir a présenté la semaine dernière la copie figurée des lettres de créance, en attendant la cérémonie officielle d'accréditation au cours de laquelle il sera reçu au plus haut niveau du royaume.