Des personnalités nationales, des formations politiques jusqu'aux chancelleries étrangères, baignant dans un attentisme pesant, sont désormais libérées. L'annonce officielle, hier, de la candidature du président Bouteflika a sauté le verrou de l'incertitude. Elle a définitivement transpercé l'épais brouillard qui régnait autour de l'élection présidentielle d'avril prochain. Ni report ni renoncement. L'échéance aura bien lieu dans les délais impartis et Bouteflika rempilera pour un nouveau mandat avec comme viatique son bilan et surtout cette proposition de conférence nationale qui suggère en filigrane l'ouverture d'un chapitre politique nouveau dans le pays. Des personnalités nationales, des formations politiques jusqu'aux chancelleries étrangères, évoluant au rythme d'un suspense pesant, sont désormais libérées. Ça y est, c'est fait! Bouteflika est candidat pour la présidentielle d'avril prochain et tout ce beau monde aura une grille de lecture plus précise par rapport à ce qu'était la situation il y a quelques mois. Des candidats potentiels comme Ali Benflis qui envisage de se présenter pour la troisième fois en 15 ans. Jusque-là indécis, se plaignant d'un manque de visibilité, il est obligé de se déterminer durant quelques jours. Dans un communiqué de Talaie Al Hourriyet, la participation de Benflis à la présidentielle sera tranchée lors d'une réunion de son comité central vers la mi-février. surtout que ses collaborateurs ont retiré les documents du ministère de l'Intérieur pour préparer le dossier de candidature après l'envoi d'une lettre d'intention. Louisa Hanoune, qui temporise elle aussi, est exactement dans la même posture puisque ses collaborateurs ont également retiré les formulaires du ministère de l'Intérieur, mais elle attend la décision de son comité central. Habituée des élections présidentielles, elle estime que la priorité n'est pas cette élection, mais «c'est de sauver le pays de la situation chaotique dans laquelle il se trouve et des dangers qui le guettent». A travers cette position, elle affirme n'exprimer que son avis personnel sans vouloir influencer le comité central censé se réunir prochainement pour examiner la question de participer ou non à ce scrutin. Le verrou de l'incertitude a ainsi sauté, il n'y a pas que les politiques qui vont se déterminer. C'est toute la société médiatique qui se mettra en branle. Il faut s'attendre à de «joyeux» procès et de truculents règlements de comptes entre les acteurs engagés dans la bataille présidentielle. Car si la candidature de Bouteflika libère les consciences d'un suspense pesant, entretenu des mois durant, elle ouvrira également les vannes à des attaques les plus foudroyantes. On débordera largement du cadre des idées qui haranguent les foules, des propositions qui braquent l'opinion et des actions qui feront le buzz. La partie sera sans pitié. Désormais, le combat est ouvert, tous les coups seront permis. Le défi est donc de trouver la parade au déchaînement des commentateurs nationaux et surtout étrangers. Serions-nous surpris que dans les quelques jours à venir, il pleuvra des torrents d'attaques médiatiques, un pullulement de fake news d'une violence inouïe. Des pays aux traditions démocratiques pourtant bien ancrées, à l'image des Etats-Unis d'Amérique et de la France, n'ont pas été épargnés par ces attaques. Le président français Emmanuel Macron affirmant être victime de ce mode opératoire a dû faire voter au Parlement une loi contre les fake news. Le président américain Donald Trump est toujours noyé dans cette affaire de connivence de son staff de campagne avec les services de renseignement russes. «Quand on lui montre la lune, l'imbécile regarde le doigt.» Dans quelle mesure cet adage chinois peut-il s'appliquer à l'Algérie? C'est au regard des enjeux qui sous-tendent cette élection et qui vont au-delà de la simple joute entre acteurs au plan interne. Porte d'entrée étroite au Grand Sahel, potentiel économique très appréciable, un sous-sol regorgeant de ressources inestimables en gaz, pétrole et minerais, le tout doublé d'une stabilité sécuritaire, pays pivot en Afrique du Nord, l'Algérie est très convoitée. On ne nous fera pas de cadeau. Qu'avons-nous à opposer à la voracité occidentale?