Dire qu'en 2003 le président de la République avait sommé qu'il soit mis un terme à cette parodie. L'enveloppe financière consentie pour le recasement était donc supposée la dernière. Mais ils sont toujours là. Ce sont ces habitations de fortune, construites à l'emporte-pièce, sans autorisation des services de l'administration et de l'urbanisme et sans document attestant légalement de la possession des terrains d'assiette. Pourtant, l'on a tous cru, après leur éradication récente, que c'en était fini avec ces horribles gourbis qu'on désigne aussi par habitat précaire ou construction illicite, des formules juste à faible consonance, en termes de mutilation du tissu urbain et de précarisation sociale. En réalité, il s'agit d'abris élevés à partir de matériaux de récupération: bidon, tôles, etc. et dont les occupants vivent dans des conditions difficiles et peu hygiéniques. Pour rappel, cet effort d'éradication a permis de reloger 1400 familles présumées sans gîte au détriment du programme social dont la consistance était de 902 logements, pour une demande pointée à 21.000 dossiers éligibles. Le choix de l'administration de l'époque pouvait avoir un caractère péremptoire si le recasement avait mis fin à ce fléau de manière irréversible. Mais dans la situation présente, force est de constater que les autorités font visiblement dans le surplace puisque l'on assiste pantois à la résurgence de ce phénomène qui renaît de ses gravats, tel le phoenix de ses cendres! La facilité déconcertante chez cette catégorie sociale de monter en toute impunité des cités entières en donnant le tournis à l'administration et aux élus, a de multiples raisons. D'abord, la majorité de cette population trouve là le sésame pour un enrichissement sans cause. Une aubaine lucrative qui se traduit par l'opération simple de rétrocéder une clé acquise gracieusement, contre une flopée de millions de centimes. Ensuite, l'administration fait montre d'une fébrilité patente et enfin, les élus locaux sont terrifiés à l'idée d'être confrontés à la problématique de société et par là, de prendre les décisions qui s'imposent en matière de démolition et de poursuites judiciaires qui s'avéreraient peut-être pour eux, impopulaires. Alors, tout le monde ferme les yeux et on reloge systématiquement. Par conséquent, l'on ne doit plus s'interroger sur l'existence de ce phénomène dès lors qu'on fait le lit à de telles pratiques. Même cette institution en uniforme, en l'occurrence la police de l'urbanisme et de la protection de l'environnement, semble complètement dépassée parce qui se déroule dans la périphérie parce qu'elle manque cruellement de moyens de locomotion. Le dernier recensement de l'habitat précaire affiche le nombre de 700! On déduit donc que 200 bidonvilles sont venus se greffer aux 500 cas initialement ciblés par l'opération de relogement! Face à cette montée croissante de ces constructions illicites, on n'a pas trouvé mieux que de solliciter une dérogation auprès du wali afin d'effectuer une ponction de 200 logements sur le programme social qui est de 350, pour reloger des personnes qui n'auraient jamais pu s'installer si tout le monde avait accompli drastiquement la mission qui lui est échue. Cette mesure, si tant est qu'elle en est une, non seulement encouragerait tout citoyen à recourir à la menue fraude, mais elle risque de susciter une protesta de la part des candidats au logement social qui verraient dans ce cas, leur programme réduit à la portion congrue de 150 unités. Dire qu'en 2003, le président de la République avait sommé qu'il soit mis un terme à cette parodie. L'enveloppe financière consentie pour le recasement était donc supposée la dernière.