Djelfa est en voie de devenir une agglomération disparate sur le plan urbanistique à cause d'un développement de bidonvilles incontrôlé. C'est le wali lui-même qui l'a reconnu devant l'assemblée des élus de la commune de Djelfa lors de son intervention pour mettre fin au blocage qui durait depuis son installation. Auparavant, il déclara sur les ondes de la radio locale, le 1er janvier dernier, que 11 000 constructions illicites et précaires étaient recensées à travers toute la wilaya dont plus de 3000 au seul chef-lieu. La première déduction qui viendrait à l'esprit serait donc de dire que le tissu urbain est en train de subir une déstructuration avancée et que le parc logement, l'un des plus importants du pays, toutes proportions gardées, n'aura été d'aucun effet dans la satisfaction de la demande locale. Pis encore, il aurait plutôt une propension à s'accroître corrélativement avec une constante particulièrement imaginaire, en l'occurrence, une poussée exagérée du volume de la demande en relogement, tant qu'en face l'administration réagit systématiquement et régulièrement par l'allocation de quotas à cette catégorie sociale. Preuve que le wali, au lieu de crier au scandale devant l'ampleur du désastre, s'est évertué sur ces mêmes ondes d'avoir pu obtenir de nouveaux crédits pour la construction de 1500 logements destinés au recasement ! Perdant presque de vue que le président de la République avait déjà, en 2003, consenti à son prédécesseur une enveloppe financière pour la construction de 500 logements, une opération censée être la dernière inscrite à ce chapitre ! Le Président qui venait alors inaugurer la cité Wiam, l'un des beaux fleurons de l'architecture moderne qui abritera 1200 familles issues de l'opération d'éradication de l'ex-cité Aïn S'rar, une sorte de pandémonium au grand jour, l'avait bien précisé au wali de l'époque : « C'est votre chiffre, c'est bien la dernière opération ? » « Oui Monsieur le Président. Après cela, cette question appartiendra au passé. » On croyait tous en bonne conscience que le glas avait sonné la fin de cette parodie jouée par des spécialistes de la fraude en quête perpétuelle de gain facile et une administration passive devant l'érection illicite de cités entières au nez et à la barbe d'élus préférant vaquer à leurs préoccupations intrinsèques. Eh bien, ce fut la désillusion pour tous, car dès 2005, la situation a pris une autre tournure, si bien qu'on se retrouve aujourd'hui avec 3000 habitats de fortune sans que ce cirque soit près de s'arrêter et ce, même après la mise en branle de l'arrêté du comité interministériel ad hocprenant en charge le phénomène de l'habitat précaire ! Cela est surprenant d'autant plus qu'on a procédé au recensement du parc local et étudié les voies et moyens possibles de relogement. Cette opération s'est achevée par l'harmonisation des critères de classement de l'habitat précaire. Ont été alors considérés bidonvilles, les constructions réalisées en matériaux hétéroclites provenant de la récupération. Les enquêteurs ont également inventorié les constructions réalisées en parpaing sans ossatures assurant leur stabilité ainsi que celles réalisées en terre dégradée « toub » ou gypse sous forme de ksour. Naturellement, il a été exclu le vieux bâti en traditionnel ou de type colonial et les constructions en dur. Ce dispositif de recensement de l'habitat précaire permettait donc d'établir la carte du site avec une nette précision de la localité et son implantation grâce à la photographie aérienne voire l'image satellitaire. Cette initiative, au lieu d'aboutir à un début d'éradication, a eu l'effet inverse, dans la mesure où l'on continue d'enregistrer un accroissement incroyable de ces « gourbis » ! Dire qu'on a martelé que cette opération de recensement, dite la dernière, y ferait définitivement face du fait qu'elle était supposée avoir abouti à la circonscription des zones ciblées lesquelles ont été tracées au rouge intégrant tous les cas inventoriés dans le PDAU. Des cas qui n'hésiteront pas à récidiver ultérieurement ! Tout cet effort a donc été anéanti en un rien de temps tant il reste vrai que les « bâtisseurs de la nuit », qui ne fléchissent que temporairement, ne rompent pas devant l'absence de contrôle continuant de donner du fil à retordre à une police de l'urbanisme impuissante en récidivant à l'infini. Bénéfice oblige, quand des quantités impressionnantes de logements attribués dans le cadre du recasement sont soit inoccupés pour cause d'attente d'une « cession » ultérieure plus juteuse soit « revendus » aussitôt pour la bagatelle de 60 millions de centimes !