Un nouveau sursaut est-il possible au sein du plus vieux parti de l'opposition. Les résultats des élections partielles en Kabylie viennent, encore une fois, révéler la suprématie du FFS dans la région. Avec 139 sièges à Béjaïa et 188 à Tizi Ouzou, le plus vieux parti de l'opposition, même talonné par le FLN et le RCD, part confiant pour la tenue de son congrès ordinaire. Un rendez-vous important qui permettrait donc au parti de reprendre l'initiative, après une absence qui aura duré plusieurs mois. D'ailleurs, connu pour être une force de proposition, le FFS a été réduit par la force des choses en machine à produire des communiqués, au moment où il fallait se replacer sur l'échiquier politique. Une scène qui s'est «normalisée» avec l'entrée d'anciens partis de l'opposition dans le carcan du pouvoir. Il est certes clair que le maintien de l'état d'urgence constitue un obstacle majeur à toute activité politique, notamment l'organisation de rassemblements publics, mais le dispositif n'empêche pas les formations politiques d'organiser des conférences de presse, de se restructurer, d'entreprendre des actions de proximité et de proposer des alternatives. Une «tradition» que le FFS a laissé tomber au cours de ces quatre dernières années. La situation est, donc loin d'être normale au sein du parti, qui - et la direction actuelle doit l'admettre - a perdu beaucoup de terrain, après être parvenue lors des locales de 2002 à sortir du «ghetto» kabyle, en allant, notamment rafler des sièges dans d'autres wilayas du pays. Ainsi, et au lieu de «capitaliser» cette importante percée, le parti de M.Aït Ahmed, constamment perché aux lèvres de son président, se contente de répercuter les déclarations de ce dernier, à l'occasion de forums internationaux, à savoir le conseil de l'Internationale socialiste et de certaines ONG qui y sont affiliées. La direction «locale» du parti, incarnée par le secrétariat national, se retrouve ainsi sans marge de manoeuvre lui conférant une autonomie dans la prise de décision. Même pour la tenue du congrès, on doit attendre que le calendrier de M.Aït Ahmed le permette pour daigner commencer les préparatifs. Pourtant, le leader historique du FFS a, à maintes reprises, appelé les directions successives du parti à faire montre de davantage d'imagination. Des orientations qui ne seront pas prises en considération. Une attitude qui sonne comme un excès de zèle par ceux-là mêmes qui veulent plaire à «si L'hocine.» D'ailleurs, jusqu´à présent, même la conférence d'audit qui devait baliser le terrain au congrès, ainsi que les congrès régionaux et de sections, n'ont pas encore été organisés. Reporté à plusieurs reprises en raison du manque de «moyens» et du retard dans la mise en place des dispositions techniques, ce congrès, programmé pour le premier semestre 2006, sera une occasion pour remettre de l'ordre dans la maison FFS, frappée tantôt de laxisme, tantôt d'inaction, en raison des développements qu'a connus la scène kabyle au lendemain du Printemps noir. Son appréciation de la donne et les mots «osés» lâchés par le président du parti, M.Hocine Aït Ahmed à l'égard du mouvement citoyen, ont été qualifiés d'erreur politique de la part des observateurs. Ils estiment, qu' «au lieu d'accompagner le mouvement né du brasier des événements, le FFS s'est attiré les foudres de la population qui a vu en les déclarations de M.Aït Ahmed, une remise en cause de la légitimité du soulèvement populaire.» Tant de «faux pas» que le vieux parti de l'opposition mettra à profit pour rectifier le tir, en prévision des prochaines échéances politiques. Un nouveau sursaut est-il possible au FFS?