La perte de quelque chose suscite toujours émotion et nostalgie. Pourtant, trois cents millions d'âmes viennent d'adopter une nouvelle monnaie, écrivant ainsi, l'histoire de la plus grande révolution monétaire dont la portée n'a d'égal qu'un rêve démesuré. Un rêve devenu réalité qui permettra à ces 300 millions d'Européens, une coordination accrue entre tout un chacun et un véritable fédéralisme. Deux concepts que beaucoup de responsables, qui ont mené le football national à la débâcle dont les Pharaons se délectent encore, ignorent l'existence même. Décidé à évoluer dans la cour des grands, le football national n'a pu se donner les moyens de mener à bien ses ambitions alors que les pays asiatiques s'apprêtent à fêter leur premier Mondial et celui du millénaire. Quels que soient la discipline et l'enjeu, il n'est jamais bon de revenir à la case départ, et de regarder par-dessus l'épaule de ses certitudes la portée de ses erreurs. Dans le sillage des espoirs de tout un peuple, se sont accumulés trop de ratés ; jusqu'à ce naufrage fatidique du Nil qui a permis de comprendre que le football national a besoin, plus que jamais, d'une refonte en profondeur. Le naufrage du Nil et la rencontre du Stade de France restent les événements majeurs ayant marqué le sport national en cette fin de siècle. Douze sélectionneurs et dix présidents de fédération lors de la dernière décennie uniquement, un triste record difficile à égaler, sans aucune qualification à un Mondial, deux «petits» quarts de finale de Coupe d'Afrique des nations. Un bien maigre bilan, mais logique pour un football agonisant en manque de structures, de fédérations et de centres de formation. Une sélection composée de joueurs, pourtant pétris de qualités faisant le bonheur de clubs professionnels bien structurés, n'a pas empêché le naufrage du Nil. La rencontre interrompue contre les champions du monde et d'Europe illustre parfaitement le fossé qui nous sépare de l'autre rive de la Méditerranée. Relégué aux profondeurs du classement mondial, le football national, jadis fierté de tout un continent, est désormais devancé par des équipes moins dotées en infrastructures et en joueurs. Un naufrage auquel le CR Belouizdad et le MC Oran ont implicitement contribué avec leur débâcle d'Abidjan et de Doha au cours de leurs représentations respectives. Une participation nulle qui a incité certains à demander le gel de l'inscription des équipes à une compétition internationale jusqu'à ce que le football reconquière ses lettres de noblesse que la JS Kabylie ne peut défendre à elle seule. Digne ambassadeur des couleurs nationales, la formation de la ville des Genêts s'est octroyé une cinquième étoile, en remportant, pour la seconde année consécutive, la coupe de la CAF. C'est ainsi que la saison footballistique s'achève sur une note amère. Une note davantage salée avec la recrudescence de la violence dans les stades. Une violence qui a failli provoquer le gel de la compétition au moment où le nouveau bureau fédéral et le staff technique s'attellent, tant bien que mal, à ressusciter le sport roi. Heureusement que la JS Kabylie s'est montrée un digne ambassadeur et a redonné à chaque fois le sourire. Mais une hirondelle ne fait pas le printemps. Alors au travail, le temps presse.