«Le processus a pâti autant des quelques imperfections d'analyse qui ont présidé à son lancement que de l'insuffisance des moyens.» Le processus de Barcelone, signé en 1995 entre les gouvernements des 25 pays, fêtera aujourd'hui son dixième anniversaire. L'occasion sera donnée aux 25 chefs d'Etat européens et leurs homologues de dix pays de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient de dresser le bilan de cette décennie. Cependant, avant même la tenue du sommet euro-méditerranéen, prévu aujourd'hui et demain à Barcelone, certains affirment que ce partenariat a consommé son échec. «Les résultats produits en dix années par ce processus, même s'ils ne sont pas négligeables, sont toutefois, et à notre grand regret, en deçà des ambitions de départ sur lesquelles nous nous étions entendus et, en tout cas, bien en deçà de nos espérances», a souligné le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), M.Amar Saâdani, vendredi dernier, à l'ouverture de la 5e Conférence des présidents des parlements euro-méditérranéens. «Le processus, explique M.Saâdani, a pâti autant des quelques imperfections d'analyse qui ont présidé à son lancement que de l'insuffisance des moyens, notamment financiers, que ceux qui devaient en être les moteurs ont consenti à mobiliser pour en garantir le succès». En dépit de certains dysfonctionnements, le président de l'APN a indiqué que le partenariat euro-méditérranéen a enregistré des avancées. Lesquelles? Amar Saâdani a relevé que le «processus a potentiellement créé un cadre de dialogue, de consultation politique, d'échanges et de coopération économique à nul autre pareil dans l'espace euro-méditerranéen». Il a cité, dans ce contexte, le programme Meda I (programme de coopération euro-méditerranéen) et Meda II, observant, cependant, que le premier a «quasiment ignoré un pays aussi important que l'Algérie», alors que le deuxième «ne se distingue de la première phase que par de timides progrès vite atténués par la récente décision du Conseil européen de réduire le montant des budgets alloués au programme Meda, au titre de l'exercice 2006». Aussi, M.Saâdani met sous les feux de la rampe une série d'avancées effectuées dans le cadre du partenariat euro-méditérranéen. Il cite en ce sens, le dialogue 5+5 (les dix pays de la rive ouest de la méditerranée) dans sa double dimension gouvernementale et parlementaire et l'Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne qui a tenu il y a quelques mois sa première session. Aussi, le président de l'APN, cite-t-il, la facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (Femip) mise en place en 2002 dans le cadre de la Banque européenne d'investissement. A propos de cette dernière, M.Saâdani a formulé l'espoir qu'elle débouche sur la création d'une banque euro-méditerranéenne, comme l'ont proposé les autorités espagnoles. «Néanmoins, a-t-il fait remarquer, ce cadre de coopération se caractérise pour le moment par l'insuffisance de son impact sur le terrain d'une prospérité que nous souhaitons partager et puise sa force beaucoup plus dans le gisement encore intact et inexploité des opportunités prometteuses qu'il recèle que dans le bilan par trop modeste, aujourd'hui dressé sur ce qui a été jusqu'à présent accompli». Par ailleurs, le président de la délégation parlementaire algérienne a souligné que force est, en effet, d'admettre la persistance de graves tensions et conflits dans plusieurs sous-régions de l'espace euro-méditerranéen. Cela en dépit des efforts méritoires de la communauté internationale pour les réduire. M.Saâdani a appelé «à enrichir et à équilibrer les instruments de libre-échange dans l'espace euro-méditerranéen, en augmentant le volume des aides». Cette idée est d'ailleurs partagée par le président de la commission européenne, José Manuel Barroso. Ce dernier a, dans un communiqué de presse, souligné la nécessité de créer «un véritable marché régional et la dynamisation de l'investissement et la croissance pour réduire l'écart de richesse entre l'Europe et ses voisins». M.Brosso a souligné que «cinq millions de nouveaux emplois par an sont nécessaires pour satisfaire les besoins des jeunes de la région méditerranéenne».