Livrées à elles-mêmes et sans couverture sécuritaire, des localités entières sont menacées par des délinquants. Plus de 32 affaires sont enrôlées dans la session criminelle du tribunal de Béjaïa. Des centaines de plaintes sont déposées à la gendarmerie et la police de Béjaïa. La région de Basse Kabylie demeure toujours touchée de plein fouet par une insécurité grandissante même si, ces derniers temps, les services de sécurité reprennent du poil de la bête dans la lutte contre ce phénomène qui fait jonction avec le terrorisme. La misère sociale grandissante, le climat d'insécurité régnant dans cette région ces dernières années suscite inquiétude et désarroi chez la population. Un drame à huis clos couvert par le bruit d'une vie politique, saccadée dans la région. Livrées à elles-mêmes et sans couverture sécuritaire, des localités entières sont sous l'emprise de groupuscules de délinquants engagés dans le banditisme et la criminalité. Anarchie et insécurité sont le quotidien du citoyen amené par la force des choses à se replier sur soi-même. La détérioration du climat générée par les difficultés qu'ont les services de sécurité, lorsqu'ils existent, à évoluer, a été incontestablement aggravée lorsqu'en 2002, une douzaine de brigades de gendarmerie ont été délocalisées. La continuité de la mission de préservation de la sécurité publique se voit réduite d'autant plus que le transfert des structures de gendarmerie délocalisées aux services de la police nationale ne s'est pas produit, débouchant par voie de conséquence sur la recrudescence de la criminalité dans la région. Il ne se passe pas un jour sans que vous soyez informé de tel ou tel acte commis sur des personnes, leurs biens. Du vol de bétail jusqu'aux rackets en passant par les crimes crapuleux, les altercations meurtrières remplissent les statistiques des services de police et de gendarmerie à Béjaïa. Le trafic de drogue, de voitures et d'or et la prostitution évoluent dangereusement. Même les agences postales et bancaires ne sont pas épargnées. Dans la ville comme dans la campagne, les petites mafias prospèrent. Il est aussi fréquent de se faire détrousser sur une route paisible du village que dans les quartiers commerçants des centres urbains. Les événements de 2001 ont, certes, induit de graves dysfonctionnements dans la gestion de la sécurité, mais l'évolution connue depuis aurait pu être saisie pour un redéploiement salutaire. Mais rien n'est fait. La daïra de Chemini, à titre d'exemple, ne dispose toujours pas de la sûreté urbaine devant remplacer la brigade délocalisée. Pour déposer une plainte alors, il faut aller à Sidi Aïch. Si les citoyens font l'effort de signaler tout acte délictuel en dépit de la peur des représailles, très peu de plaintes aboutissent à des résultats probants. On a l'impression que rien n'est fait pour en limiter les dégâts. Il y a un an, la population de Sidi Aïch a été consternée après l'étranglement d'un vieil homme de 70 ans devant son propre domicile par des inconnus qui se sont emparés du portefeuille de la malheureuse victime. Près de Tazmalt, c'est un citoyen qui se fait racketter en plein jour. Récemment encore à Tifra, les gangsters ont fait irruption dans un village. La population n'a dû son salut qu'à son courage de se défendre. A El Kseur, la tentative d'enlèvement d'une lycéenne s'est produite au centre-ville. Des faits comme ça sont légions dans la région de Béjaïa. La palme de la criminalité revient aux voleurs de voitures, de camions et de bétails. Les réseaux sont gigantesques. Repris de justice, revendeurs de voitures ou de pièces détachées, fonctionnaires, des éleveurs, tous sont tentés ces derniers temps par le gain facile face à une impunité qui n'a pas son égale. Y aurait-il un salut?