Jeudi dernier, la Cinémathèque algérienne offrait en avant-première aux spectateurs la dernière réalisation d'une documentaliste qui a déjà fait ses preuves. Djamila Sahraoui puisque c'est d'elle qu'il s'agit après « Algérie, la vie malgré tout » qui portait sur le quotidien de jeunes «hittistes» de la vallée de la Soummam, un documentaire diffusé sur la chaîne franco-allemande Arte, revient avec la ville de Tazmalt en boîte. Intitulé «Algérie, la vie toujours», le documentaire est le fruit du travail de deux opérateurs. Si Djamila Sahraoui est rompue aux subtilités techniques du montage - unique opération sur laquelle elle interviendra dans ce film - le jeune Mourad Zidi, grand amateur sans plus, a conféré à ce documentaire une dimension humaine rarement atteinte. Mourad, caméra à l'épaule, a filmé pendant plus de six mois son village et ses compagnons d'infortune. La Cité des Martyrs, quartier de recasement situé dans la ville de Tazmalt à Béjaïa est devenu le large plateau où se produisent, sur la trame de la vie, des acteurs poignants de sincérité. Confiante, la Cité s'est laissé importuner par l'oeil inquisiteur de la caméra avant de l'adopter. Une palette attendrissante de caractères a, ainsi, vu le jour. Le vieux Noureddine et son éternel problème de mécanique, la tante Rabiaâ et son philosophique fatalisme, ainsi que d'autres «phénomènes» humains ont constitué des haltes, des entractes, à une chronique dédiée à la jeune génération. L'esprit de groupe l'emportant sur les tracas des subventions, des travaux ont pu être initiés. Sans chaussée et sans espaces verts, la Cité des Martyrs, qui allait peu à peu changer de visage et se débarrasser de sa poussière, découvrait son trésor : des gens qui rêvent dans un espace qui n'inspire en rien l'évasion. La précarité que vivent les jeunes de cette cité n'a pas encore réussi à les «dégoûter» de la vie. Au rythme des travaux, la caméra, par magie, devient une confidente. Timidement d'abord, les jeunes révèlent, à l'intérieur de maladroites mises en scène, leur désir de relooker leur quartier. L'option de la mise en scène est vite abandonnée et la caméra suit ces sujets dans leurs escapades, importune et fait parler les vieilles personnes du village. Les événements de Kabylie changent tout d'un coup la couleur de ce documentaire. Même si Mourad a préféré ne pas filmer les accrochages entre les forces de l'ordre et les jeunes en révolte, les quelques images qu'il réussira à rapporter donnent un aperçu sur la tension qui y prévalait.