Les héros ne meurent jamais, et l'exemple de Belkacem Radjef restera éternel dans l'esprit de tout algérien. Longtemps oublié par les officiels, celui qui a fait l'objet, hier au forum d'El Moudjahid, sous l'intitulé: «l'homme de l'unité» a été aux côtés de Messali Hadj, Imache Amar et Laimèche Ali, l'un des piliers du mouvement national. D'abord en étant parmi les membres fondateurs de l'Etoile nord-africaine, et ensuite pour le rôle qu'il a joué dans l'union des différentes factions du mouvement national. Né en 1907 à Larbaâ Nath Irathène, il fut l'un des membres fondateurs de l'Etoile nord-africaine, dont il deviendra, à l'issue de l'assemblée générale du 28 mai 1933, le secrétaire général. Messali El Hadj, quant à lui, a été élu président de l'ENA. Pourtant l'idée de la création de cette association de droit français en 1926, revient à Belkacem Radjef et à Imache Amar, qui par souci de l'unité du mouvement national, feront en sorte que l'organisation ne soit pas limitée à la seule région de Kabylie. Parmi les membres fondateurs de l'Etoile nord-africaine, nous citerons, outre Messali El Hadj, Imache Amar et Radjef Belkacem, trois autres figures emblématiques du mouvement national, à savoir Hadj Ali Abdelkader, Yahiaoui Ahmed et Si Jilani Mebarek. C'est à partir du début des années 1930 qu'apparaissent les premières divergences. Entre d'une part le groupe de Imache Amar, qui plaidait pour une Algérie algérienne et laïque et pour la prise en compte de l'organisation sociale kabyle de type démocratique, basée sur tajmât (l'assemblée du village) et d'autre part Messali, qui puise ses références dans le Coran et considère que l'Algérie est arabo-musulmane, et qui le désavoue. C'est dans cette atmosphère de luttes intestines qu'interviendra la dissolution de l'Etoile nord-africaine, dont les chefs, Messali, Imache et Radjef, sont arrêtés puis respectivement condamnés à un an, huit et six mois de prison pour reconstitution de ligue dissoute, sachant que l'Etoile nord-africaine a été interdite et dissoute en 1929. Les premiers à faire les frais de leur opposition à Messali, seront Imache et Yahiaoui, qui ont été écartés du comité central du parti. D'ailleurs, voulant en découdre avec le camp «berbéro-laïc» Messali crée le PPA, le 11 mars 1937. Se voyant boudé par ses ex-«frères» de l'Etoile nord-africaine, il décide de transférer le siège du parti à Alger, à la faveur d'un rapprochement entre lui et l'association des Oulémas. Cependant, après la dissolution du PPA en 1946 et à la suite de l'arrestation de ses principaux chefs, dont Messali El Hadj, le mouvement national a survécu aux dissensions internes, l'intérêt national prenant le pas sur toute autre considération doctrinale. En effet, c'est ce qui forgera par la suite les divergences au sein du mouvement national jusqu´à l'indépendance du pays, voire même, à nos jours. Une poignée de lycéens kabyles de Ben-Aknoun (Alger), issus de familles moyennes ou aisées, découvrent le nationalisme et prennent conscience de leur identité. Leurs noms, Ali Laïmèche, Omar Oussedik, Hocine Aït Ahmed, Mohand Ouidir Aït Amrane, Amar Ould Hamouda, Bélaïd Aït Medri, Mohand Saïd Aïch, Rachid Ali Yahia. Il en est de même pour des étudiants: Yahia Henine, Mabrouk Belhocine, Sadek Hadjerès, Saïd Oubouzar. Ce sont ceux-là mêmes qui à travers le pays, implantent des cellules clandestines du PPA. et organisent des troupes de scouts musulmans.