L'un des principes fondateurs du Parti du peuple algérien, était l'indépendance de l'Algérie et le respect de l'identité et de la spécificité des Algériens. Peut-on parler aujourd'hui du Parti du peuple algérien (PPA) sans évoquer le nom de Messali Hadj? Le destin de ce parti est en effet étroitement lié à la destinée de cette personnalité charismatique du mouvement nationaliste. La question vaut la peine d'être posée, notamment à l'époque où le nom de Messali est quasiment rayé de l'Histoire d'Algérie. C'est en effet, à juste titre, si d'aucuns le qualifient de père du mouvement nationaliste. «Néanmoins, la mystification de cette personnalité et l'esprit de leadership qui le caractérisent sont presque venus à bout du PPA et de Messali» a souligné Zoheir Ihaddaden, hier au forum du quotidien El Moudjahid. S'exprimant à l'occasion de la célébration du soixante-dixième anniversaire de la création du Parti du peuple algérien, ce fervent militant du PPA est revenu en détail sur les conditions, externes notamment, dans lesquelles le PPA a vu le jour. A l'époque de la création du Parti du peuple algérien, l'Europe connaissait l'un des chamboulements les plus intenses de son histoire. C'est en effet, à cette époque que le nazisme, en Allemagne, le fascisme en Italie et le mouvement de Franco en Espagne, Staline en Russie, sont arrivés au pouvoir. «En somme, le continent européen était sous l'emprise des diverses dictatures. L'Europe était en pleine ébullition. Le conflit s'accentuait de plus en plus laissant entrevoir un climat délétère qui a régné sur la majeure partie du Vieux Continent», fait remarquer M.Ihaddaden. La France et l'Angleterre étaient foncièrement contre ces régimes. «En France, le Front populaire (FP) demandait de l'aide à l'Etoile nord-africaine qui s'était très bien enracinée en France, notamment dans le milieu ouvrier issu de l'immigration. Messali Hadj a accepté cette demande, étant donné que le FP était un parti de gauche qui soutenait les causes justes», indique le conférencier. Toutefois, Messali a été comme trahi, parce qu'une fois le FP au pouvoir, l'Etoile nord-africaine est dissoute. C'était en janvier 1937. Néanmoins, cela n'a pas empêché Messali d'intensifier ses activités afin de créer un autre parti. C'est ainsi que le Parti du peuple algérien a vu le jour le 11 mars 1937. Ihaddaden Zoheir a, dans ce contexte, estimé qu'en l'absence d'études précises sur le PPA, «on ignore le nombre exact de personnes ayant pris part à sa création. Messali parle de huit membres, Ben Khedda se suffit d'indiquer le nom de Messali, tandis que Khider Amar, lui, parle de cinq personnes, sans pour autant citer leurs noms». Et parmi eux figure une autre figure de proue du PPA, à savoir feu Radjef Belkacem. Mais cela mène plusieurs militants du PPA à dire que cette problématique est sans importance. Aussi, le conférencier n'a pas omis de souligner que l'un des principes fondateurs du Parti du peuple algérien, était l'indépendance de l'Algérie et le respect de l'identité et de la spécificité des Algériens. Abdelhamid Mehri, tout en soulignant le respect qu'on doit vouer à Messali, n'a pas manqué de rappeler qu'il «ne faut jamais oublier qu'il a (Messali Hadj), comme tous les humains, commis des erreurs». M.Mehri s'est contenté de ces paroles comme pour éviter d'ouvrir des plaies; car, au demeurant, chaque Révolution a ses blessures et la Révolution algérienne n'est pas en reste. En ce sens, il faut dire que tous les conférenciers ont évité de parler du PPA après le déclenchement de la guerre de Libération nationale. La période ayant suivi le congrès de la Soummam, en 1956, est jonchée de faits historiques que l'Histoire officielle feint d'oublier. Il est à souligner en outre que, et jusqu'à une époque récente, on évite même de parler du PPA et de Messali que plusieurs considèrent comme traître. «Il faut étudier objectivement, sans omettre aucun détail, l'Histoire de notre pays», a souligné Abdelhamid Mehri. Cet avis est donné à juste raison, puisque actuellement, tout un pan de notre histoire est en voie de disparition. Rappelons enfin que Messali Hadj a été réhabilité en 2000, par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à la suite de l'organisation d'un colloque international sur cette personnalité marquante de notre Histoire. Un geste qui n'est pas sans susciter le courroux de certains et la satisfaction des autres.