La colère ne faiblit pas La guerre des chiffres entre le ministère de l'Intérieur qui donne une affluence nettement moindre que celle établie par le Nombre jaune, des bénévoles du mouvement, n'est donc pas prête de se tarir puisque l'acte 18 des «Gilets jaunes», le 16 mars prochain, visera un véritable «ultimatum» au gouvernement. Ils avaient voulu installer un campement au Champ de mars, près de la tour Eiffel, pour y célébrer la Journée internationale de la femme. En vain, puisqu'il a fallu y renoncer par la contrainte. Mais dès hier matin, les «Gilets jaunes» étaient autour de Priscillia Ludowsky, une des figures du mouvement, au pied même de la Dame de fer, avec pour mot d'ordre la «défense de l'urgence sociale et climatique». C'est ainsi qu'ils ont repris le mot d'ordre déjà entendu les samedis précédents: «Fin du monde, fin du mois, même combat.» A ceux qui leur opposent depuis plusieurs semaines la lente érosion de la mobilisation, les inconditionnels du mouvement rétorquent qu'ils sont là et bien là et que leur présence vise d'abord et surtout à retrouver un second souffle. Ragaillardis par la sortie inattendue de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU Michelle Bachelet qui a réclamé mercredi à la France une enquête sur «l'usage excessif de la force» contre les «Gilets jaunes», les manifestants ont quelque peu retrouvé un regain d'énergie dans la contestation balisée de gaz lacrymogènes et de LBD, ces engins qui ont causé de graves blessures à plusieurs dizaines de personnes. Dans la matinée d'hier, 200 d'entre eux faisaient face aux forces de l'ordre dont le mot d'ordre n'a pas varié pour disperser ceux qui tentent de sortir du cadre concédé par les préfectures. Aux Champs Elysées, un cortège de femmes - 8 mars oblige - a pris la tête de la principale manifestation autorisée depuis la célèbre avenue jusqu'au jardin du Luxembourg, suivant un itinéraire balisé. D'autres regroupements ont eu lieu à Roissy et dans plusieurs villes comme Lyon, Strasbourg, Lille, Bordeaux, Montpellier et bien d'autres. Un maire, celui de Phalsbourg, en Moselle, Dany Kocher, a pris un arrêté pour interdire à la gendarmerie le recours aux lanceurs de balle de défense (LBD) fustigés par l'ONU, le Conseil de l'Europe et nombre d'ONG. Geste purement symbolique car seule la préfecture dispose de l'autorité nécessaire mais geste fort apprécié des «Gilets jaunes», on s'en doute aisément. Il rejoint en cela le professeur Laurent Thines, chef du service de neurologie au CHU de Besançon qui a lancé une pétition nationale du corps médical contre l'usage de cette arme, pétition signée à ce jour par 168.000 personnes. Il faut dire que depuis la première manifestation des «Gilets jaunes» le 17 novembre 2018, il y a eu pas moins de 13.000 tirs de LBD faisant des dizaines de victimes éborgnées et autres. Près de quatre mois plus tard, le mouvement semble connaître une lente érosion des troupes engagées ainsi que la désaffection grandissante de l'opinion, favorable à plus de 80% dans les premières semaines. Il compte néanmoins retrouver un second souffle avant le 18ème acte, samedi prochain, qui interviendra avec la clôture du Grand débat national lancé par le président Emmanuel Macron. Celui-ci a bénéficié d'un regain de popularité au fil des semaines, de sorte qu'il justifie allègrement son refus de considérer les revendications des «Gilets jaunes» telles que le Référendum d'initiative citoyenne ou l'indexation des retraites et des prestations sociales sur le taux d'inflation. La guerre des chiffres entre le ministère de l'Intérieur qui donne une affluence nettement moindre que celle établie par le Nombre jaune, des bénévoles du mouvement, n'est donc pas prête de se tarir puisque l'acte 18 des «Gilets jaunes», prévu le 16 mars prochain, visera d'abord et avant tout à adresser un véritable «ultimatum» au gouvernement. La pire crise à laquelle est confronté le président Macron risque bien de lui faire perdre son ultime pari, à quelques semaines des Européennes où son parti est talonné par le Rassemblement national de Marine Le pen...