La SNVI se joint à la grève Le fief de l'ex- député et ex-ministre dissident Sid Ahmed Ferroukhi voulait faire entendre sa voix au chef d'état-major de l'ANP. Débriefe d'une journée des plus mouvementées... Habituellement calme, la petite commune de Rouiba était, hier, en ébullition! Tout a commencé dès les premières heures de la matinée avec une grève des enseignants et des élèves des lycées et du secondaire. Une grève presque générale en réponse à l'appel anonyme de désobéissance civile. Celui-ci circule, depuis quelques semaines, sur les réseaux sociaux, afin de s'opposer au cinquième mandat du président sortant Abdelaziz Bouteflika. Comme beaucoup de leurs camarades, à travers le pays, ces jeunes adolescents décident de gagner la rue. Néanmoins, le contexte «rouibéen» est différent des autres, du fait que cette journée coïncidait avec la visite du chef d'état-major de l'Armée nationale populaire et vice-ministre de la Défense nationale, le général de corps d'armée. Ahmed Gaïd Salah qui était attendu à l'Ecole nationale préparatoire aux études d'ingéniorat (Enpei) qui se trouve à l'entrée de la ville. L'information circule comme une traînée de poudre chez ces jeunes qui décident d'aller à sa rencontre. Reprenant les «Bouteflika makache 3ouhda Khamissa (Bouteflika il n'y aura pas de cinquième mandat)». Ou encore, «Djeich Chaâb khawa-khawa» (Armée et peuple des frères), ces bambins décident d'aller à la rencontre du chef d'état-major de l'ANP. «Nrouhou anchoufou Ami Salah» (on va aller voir Tonton Salah, Ndlr), lancent naïvement certains d'entre eux. D'autres, qui se sont vu pousser des ailes, lancent à leurs camarades qu'il faut lui bloquer la route! Les services de sécurité qui font face à des collégiens et des lycéens décident de les partager en petits groupes, tout en encadrant leur marche. Cela dans le but de les contenir dans le centre et les empêcher d'aller du côté de l'école milliaire où il pourrait y avoir du grabuge. Des images à la fois mignonnes et loufoques s'ensuivent avec des policiers qui courent derrière ces mineurs, comme des moniteurs de colonie de vacances. Pendant ce temps-là, la zone industrielle de Rouiba, l'une des plus grandes du pays, bouillonne... Des travailleurs ont décidé de faire grève. A l'image de ceux du complexe de l'Entreprise nationale des véhicules industriels (Snvi) et de Mercedes qui montre le tempo. Après le piquet de grève à l'intérieur de leur entreprise, ils décident eux aussi de sortir pour aller à la rencontre de Gaïd Salah. «On veut qu'il comprenne que les Algériens ne veulent pas du cinquième mandat. On compte sur lui pour faire passer le message au pouvoir», lancent des travailleurs déterminés. Ils prennent alors la route de la «zone», comme elle est communément appelée, pour aller au centre-ville et ensuite à l'Enpei. Mais les CRS sont là pour les bloquer. Des petits affrontements sont signalés. Des gaz lacrymogènes sont lancés pour disperser la foule. Les travailleurs sont repoussés, mais bloquent la route où dans une ambiance bon enfant, ils font part de leur refus pour le cinquième mandat. Il en est de même pour les lycéens, dont certains, sortent sur l'autoroute et bloquent la circulation. Les services d'ordre sont débordés, surtout que les habitants de la ville improvisent des défilés «anti-cinquième mandat». Klaxons, youyous et slogans hostiles au pouvoir se font entendre. La situation revient à la normale dès que le convoi de Gaïd Salah quitte la ville. Néanmoins, la majorité des magasins reste fermée à l'instar de la grande braderie de la ville ou du marché couvert. Des pancartes pour demander le départ du pouvoir actuel, sont même collées sur les devantures de magasins restés fermés. «On espère que Gaïd Salah et l'armée ont reçu 5 sur 5 notre SOS», résume tout ce beau monde. Voilà donc le débriefe d'une journée spéciale au fief de l'ex- député et ex-ministre dissident Sid Ahmed Feroukhi...