Demain, le Népal accueille ce sommet, où la coopération régionale, thème de la réunion, sera, sans doute éclipsée par la tension persistante entre New Delhi et Islamabad. Katmandou accueille demain les dirigeants de l'Asie du Sud, hôtes du Népal, pour le sommet de la SAARC (Association d'Asie du Sud pour la coopération régionale) placé sous le signe de l'incertitude du fait du développement alarmant de la situation dans le sous-continent indien. Aussi, il ne fait pas de doute que la tension qui persiste entre l'Inde et le Pakistan sera au centre des débats. En prévision de ce sommet, et singulièrement du fait de la montée de la pression entre les frères ennemis indiens et pakistanais, de même que de la menace de la rébellion maoïste sur Katmandou, la capitale népalaise a été mise en état de siège avec des mesures de sécurité draconiennes, armée et police spéciale placées sur pied de guerre. Créée en 1985, la SAARC regroupe, outre l'Inde et le Pakistan, le Sri Lanka, le Bhoutan, le Bangladesh, les Maldives et le pays hôte, le Népal. Un moment douteux, les présences du Premier ministre indien Atal Behari Vajpayee et celle du président pakistanais Pervez Musharraf ont été confirmées par des sources diplomatiques des deux pays. Ce face-à-face entre les deux dirigeants indien et pakistanais peut induire une bonne explication qui redonnera la primauté au dialogue et à la négociation. C'est du moins l'espoir émis dans la capitale népalaise où l'on ne désespère pas de dédramatiser la situation. De fait, comme en signe de bonne volonté, les chefs des diplomaties indienne, Jaswant Singh, et pakistanais, Abdul Sattar, se sont salués et serré la main, hier, à Katmandou à l'ouverture des travaux des ministres des Affaires étrangères du SAARC. Un bon signe? Voire ! En tout état de cause «l'empoignade» indo-pakistanaise relativise les conflits récurrents que sont la guerre civile au Sri Lanka et la rébellion maoïste au Népal eu égard à l'inextricable dossier cachemiri. Regroupant le cinquième de la population mondiale, notamment avec une Inde sur le point de dépasser le milliard d'habitants, la SAARC n'est cependant pas parvenue en seize ans d'existence à lancer une véritable coopération régionale. Les conflits, notamment celui opposant l'Inde au Pakistan à propos du Cachemire ont, au long de ces années, pris le pas sur la raison d'être de ce regroupement: la mise en exergue du développement régional par une revalorisation des économies locales par une coopération horizontale entre les associés de la SAARC. Aujourd'hui c'est plutôt le contraire qui est vrai avec en point de mire la recrudescence des combats au Sri Lanka, la situation incertaine créée au Népal par les rebelles maoïstes qui se font plus menaçants et évidemment le contentieux cachemiri qui bloque toute réelle percée dans les coopérations bilatérales et multilatérales entre les pays de la sous-région. Aussi, demain c'est encore la montée de la tension entre l'Inde et le Pakistan qui retiendra l'attention des dirigeants sud-asiatiques présents à Katmandou et ce, au détriment sans doute de problèmes plus concrets du développement, singulièrement à l'aune de la mondialisation. Dès lors, il ne fait pas de doute que le sommet de la SAARC sera dominé par la confrontation diplomatique entre les deux géants du Sud asiatique.