Ces révélations auraient pu être faites bien avant, histoire de ne pas donner l'impression de profiter de l'élan populaire que connaît l'Algérie actuellement, pour endosser le costume d'un saint. 20 mars 2017 - 25 mars 2019. Deux ans et quatre jours plus tard, Mohamed Zerouati décide de parler et révéler «un scandale» concernant l'élection de Kheïreddine Zetchi à la tête de la Fédération algérienne de football. Sur le plateau d'El Bilad TV, le dirigeant de la JS Saoura, alors membre de la commission de candidature, évoque «comment la fraude a permis à Zetchi d'être élu à la tête de la FAF», confirmant une ingérence gouvernementale dans le processus électoral, par le biais de l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali. Ces révélations, s'accorde-t-on à dire, auraient pu être faites bien avant, histoire de ne pas donner l'impression de profiter de l'élan populaire que connaît l'Algérie actuellement pour endosser le costume d'un saint. Zerouati, lui-même au coeur d'une tentative de corruption en 2012 lors du match entre le CA Batna et la JSS - une affaire renvoyée aux calendes grecques comme tant d'autres -, a expliqué le fait que le dossier de candidature de Zetchi aurait dû être rejeté, «car les dossiers des membres du Bureau fédéral n'étaient pas joints au sien». «Des négociations ont eu lieu pour imposer des membres au sein du nouveau bureau de Zetchi», affirme Zerouati, qui ajoute qu'il (Zerouati) avait imposé Rachid Gasmi, alors que Hacène Hammar en avait fait de même pour Messaoud Koussa, originaire de Sétif. Ingérence du MJS Zerouati fait son mea-culpa en demandant pardon à Ali Baâmar, premier responsable de la Ligue régionale de Ouargla et ancien président de la commission de candidature. «Avant l'AG élective, nous avons subi d'énormes pressions de la part du ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali et d'autres personnes. Baâmar n'a pas accepté cette pression et a fini par démissionner. Il avait été remplacé par Hammar. Nous avons été menacés concernant nos clubs, mais aussi nos affaires personnelles», révèle encore l'invité d'El Bilad TV, ajoutant même que le secrétaire général du MJS de l'époque a apposé sa signature sur un document de la FAF, ce qui lui est strictement interdit par la loi. «Le SG en question a assisté à une réunion de la commission de candidature et informait le MJS de tout ce qui se passait», poursuit encore Zerouati. Sachant que la toute puissante FIFA interdit l'ingérence des pouvoirs publics dans les affaires courantes des fédérations se trouvant sous son égide (articles 13 et 17 des statuts de la FIFA), ces révélations pourraient valoir à l'Algérie des sanctions sans précédent. Et maintenant? La révélation de Mohamed Zerouati n'en est pas une. Il faut se rappeler que lors de l'AGE du 20 mars 2017, des médias avaient rapporté les propos de Hacène Hammar et Abdelkrim Medouar, où ils affirmaient qu'il y avait des instructions de la part de «hauts responsables» pour faire passer le dossier de Zetchi. Depuis le temps, rien n'a été fait. Zerouati a attendu, quelques mois plus tard, un match où son équipe avait été «lésée» par les arbitres pour s'en prendre à Zetchi et laisser entendre que son élection à la tête de la FAF est «illégale», sans présenter des preuves. Et ce n'est que dans cette conjoncture, avec ce soulèvement populaire qu'il se présente et présente ses «preuves». Le moment choisi a valu plusieurs critiques à Zerouati sur les réseaux sociaux, mais surtout des louanges à Baâmar. Pour les internautes, «Zerouati veut se refaire une virginité» deux ans plus tard, alors que «Baâmar a eu le courage à temps, en quittant et ne voulant surtout pas cautionner de telles pratiques». Dernièrement, Zetchi a dressé le bilan de ces deux années de règne à la FAF, indiquant qu'«un dirigeant n'est pas obligé de trouver la solution à la première décision qu'il prend, mais il doit essayer de trouver des solutions le plus vite possible et avec des réajustements».