Il faudra bien un jour qu'on nous dise jusqu'où peut-on faire confiance au travail effectué par un commissaire aux comptes. Dans le bras de fer opposant le MJS à la FAF on assiste à une guerre de communiqués où chaque camp cherche à faire part de sa vérité. Le dernier en date est tombé vendredi soir des services du ministère et se veut être une réplique à la sortie médiatique de Mohamed Raouraoua, lequel, mardi soir, avait répondu au ministre qui, la veille, avait fait état d'une subvention de l'ordre de 141 milliards de centimes allouée à la FAF. Cette somme Raouraoua la conteste et est allé jusqu'à «mettre au défi le ministre de prouver qu'il l'a donnée à la FAF». Le fait que le communiqué du MJS soit tombé vendredi soir signifie que ce département a fait travailler ses agents durant le week-end comme il laisse à penser que le ministre ne veut pas baisser sa pression malgré l'invitation faite à Raouraoua de le rencontrer aujourd'hui, après la menace de suspension de la FAF par la FIFA. Il importe peu de savoir s'il y a eu ou pas de subventions versées à la FAF. Nous avions dit récemment que les pouvoirs publics disposaient d'assez de leviers pour contrôler toutes les fédérations sportives, donc la FAF. Le MJS a sa propre inspection pour cela. Il peut également en référer à l'inspection générale des finances, la fameuse IGF. Enfin, il y a la cour des comptes qui peut répondre à son attente sur ce thème. Dernièrement, après la tenue de l'AG ordinaire de la FAF, il avait été question d'une mission d'inspection dans cette fédération. Si mission d'inspection il devait y avoir, c'est que le MJS contesterait les résultats financiers de la FAF, des résultats pourtant certifiés conformes et sincères par le commissaire aux comptes, une personne assermentée et agréée auprès des tribunaux. Il faudra bien un jour qu'on nous dise jusqu'où peut-on faire confiance au travail effectué par un commissaire aux comptes, sans quoi on ferait mieux de rayer de la carte cette profession. Toujours est-il que dans le bilan financier de la FAF présenté en AG ordinaire, il est indiqué que cette fédération a reçu du MJS au titre de la saison sportive 2004-2005 165.219.500,00 dinars (un peu plus de 16 milliards de centimes) alors que dans son communiqué de vendredi soir, le ministère annonce avoir versé à la FAF 35 milliards de centimes en 2005. Si l'on suit son raisonnement, il y aurait 19 milliards que la FAF n'aurait pas déclarés dans son bilan financier. C'est trop. C'est énorme et cela s'apparente à une grave accusation qui ne dit pas son nom. Et le ministère va plus loin en affirmant que les sommes qu'il a allouées ne tiennent pas compte de l'argent reçu au titre du sponsoring, des recettes aux stades et celles des droits de télévision. Il y là de quoi déclencher un énorme scandale. Si le MJS est sûr de son affaire, qu'attend-il pour déclencher une enquête? S'il ne le fait pas, on serait obligé de croire que les chiffres qu'il avance sont discutables. Dans son rapport financier présenté lors de l'AG, le commissaire aux comptes avait déclaré que la FAF n'avait reçu que 16 milliards sur les 35 qu'on lui avait promis. Cela signifierait que le MJS dit avoir donné de l'argent mais ne l'a pas fait. Si la FAF ment, le ministère peut aisément saisir les tribunaux pour faire éclater la vérité car c'est de l'argent public dont on parle. En tout cas, on relèvera que lorsque les cadres du MJS avaient, en conférence de presse, annoncé les montants des subventions allouées aux fédérations sportives au titre de l'année 2005, il y a de cela quelques mois, ils avaient affirmé que ces fédérations avaient reçu une avance sur budget au début de l'année. Vérification faite, il s'était avéré qu'en fait d'avance, l'argent versé n'était que le reliquat dû à ces fédérations sportives pour la préparation de leurs athlètes pour les Jeux olympiques d'Athènes et les Jeux sportifs arabes d'Alger de 2004. Un reliquat intervenu bien après ces deux compétitions.