En tant qu'Algériens, nous n'avons pas le droit de sombrer dans le fatalisme. Aussi loin qu'on puisse remonter dans le temps, nous n'avons pas le souvenir d'une défaite aussi lourde de l'équipe nationale à domicile. Il y a bien eu celle de l'an dernier, à Annaba, contre le Gabon mais, là, les Verts «n'avaient» encaissé que 3 buts et pas 5 comme ce dimanche soir à Oran face au Nigeria. Une défaite par 5 à 2, on a pu en trouver une dans les années 70 contre une équipe de France espoirs au stade du 20-Août d'Alger mais ces espoirs-là avaient plutôt battu une sélection qu'une équipe nationale. Et puis il s'agissait d'un match amical, pas comme celui d'avant-hier soir à Oran qui entrait dans le cadre des éliminatoires du Mondial et de la CAN 2006. Il n'y a pas à chercher trop d'explications à cette déroute. L'équipe d'Algérie a perdu parce qu'on n'arrive plus à lui trouver de joueurs capables d'avoir le niveau de la haute compétition. Ce dimanche, en dehors de Mezaïr, de Yacef et d'Achiou (ce dernier est entré en cours de jeu), tous les autres joueurs alignés par Meziane Ighil évoluent à l'étranger. Il s'agit d'être réaliste et de ne pas tomber dans la facilité qui voudra nous faire croire qu'on aurait, peut-être, mieux fait de faire confiance à des joueurs de notre championnat. De grâce, arrêtons de nous leurrer. On aurait mis 20 joueurs de notre championnat face à 11 Nigérians, ils auraient perdu ce match. On le dit et on le répètera cent fois, mille fois, s'il le faut. Le championnat de la division 1 algérienne est d'un très faible niveau. Les joueurs qui y jouent sont faibles et n'ont pas de talent. C'est dur mais il faut le dire. Ça ne sert à rien de se voiler la face, d'user d'atermoiements. Il faut être direct dans ces cas-là car pire que cela on ne peut pas trouver. Qu'on nous dise sérieusement si un match du championnat algérien fait de la promotion pour le football. Celui qui a envie de faire une sieste ne trouvera pas mieux comme produit soporifique. On a appris que la commission fédérale médicale effectue, en ce moment, des contrôles antidopage sur les joueurs de la D1. Vu le rythme qui est le leur, cette commission ferait mieux de chercher dans leur urine ou dans leur sang s'ils n'ont pas pris des produits inhibiteurs. Alors, arrêtons le massacre et ayons le courage de tout remettre en question. On voit d'ici ceux qui ne manqueront pas de tomber sur la FAF. Comme si c'était Raouraoua ou Mecherara qui mettait un short et un maillot et descendait sur le terrain. Depuis plus de vingt ans, les pouvoirs publics ont passé leur temps à taper sur la fédération coupable à leurs yeux de ne pas savoir monter une équipe nationale compétitive. Ces pouvoirs publics n'ont fait que déstabiliser cette fédération en changeant à tout va ses dirigeants dès que cela allait mal. Et bien sûr, tout cela a un coût car l'organisation d'une AG n'est pas gratuite. Il faudra peut-être qu'on nous dise combien le MJS a gaspillé d'argent pour organiser des AG de la FAF qui n'ont abouti à aucun résultat concret. Un échec total puisque malgré tous les changements opérés à la tête de cette fédération, le football est resté aussi faible et son équipe nationale complètement déphasée. Cela démontre que le problème de cette discipline est ailleurs et non dans le remplacement d'untel par un autre au sein de cette fédération. Du reste, Raouraoua partira, que fera son remplaçant avec un football aussi dénaturé? Si l'équipe nationale est faible c'est parce que notre championnat et ses clubs le sont. Et si cela va mal à ce niveau c'est parce que les pouvoirs publics se sont complètement perdus en matière de politique sportive depuis plus de 20 ans, si tant est qu'ils en ont, au moins une fois, élaboré une. Plus bas que le niveau atteint par l'EN dimanche soir on ne peut pas aller. La remise en cause de tout ce qui prévaut en ce moment dans le football national doit se faire, sinon il faut dès maintenant faire une croix sur la coupe du monde 2010 et même celle de 2014. Quant à la CAN 2008, il ne faut même pas y penser car le délai est vraiment trop court pour espérer quoi que ce soit. Une chose est sûre: nos clubs sont déstructurés et s'ils le sont c'est parce qu'ils sont gérés d'une manière anarchique. L'écrasante majorité des dirigeants actuels des clubs doit partir et céder sa place. Les pouvoirs publics ont la latitude de donner un coup de pied dans cette fourmilière pour la simple et bonne raison que pas un club ne vit de son propre argent. Tout n'est que financement de l'Etat même d'une manière indirecte (sponsoring). Nos clubs ont aussi besoin de moyens et ce n'est pas la FAF qui pourra les leur donner. Par moyens, on entend des centres propres à eux avec des terrains d'entraînement, des salles, etc. Des centres à mettre à la disposition de leur équipe seniors mais qui serviront également à la formation. Et pour cette formation, il faut des spécialistes, des pédagogues qu'on ne trouve pas à chaque coin de rue et qu'il va falloir songer à former. Le pire, et l'histoire est trop connue, c'est que l'on va se focaliser dès maintenant sur la CAN 2008 et qu'on va se dire qu'on n'aura pas le temps de tout reprendre à zéro. Mais c'est qu'il va falloir oublier cette CAN 2008, même la coupe du monde 2010. Arrêtons de nous fixer des objectifs sur des échéances trop proches alors qu'on a le néant à sa disposition. Ce n'est pas aider l'Algérie que de se lancer dans des opérations de replâtrage, voire de bricolage, pour tenter de se donner bonne mesure l'espace d'une courte période. Le football algérien a atteint le fond. Il dispose d'une équipe nationale moribonde que n'importe qui peut se permettre d'écraser. Où l'on se montre décidé à tout balayer pour entreprendre un travail de longue haleine avec le soutien de tous, ou bien on se contente de vivoter sur ce que l'on a en espérant un miracle qui ne viendra jamais. C'est la dure réalité. Il faut l'accepter. En tant qu'Algériens, nous n'avons pas le droit de sombrer dans le fatalisme. Tout a une solution. Il suffit simplement d'imaginer et d'oser.