Il reste un léger différend en matière d'opportunité que l'interwilayas se chargera d'aplanir. Les délégués de la coordination intercommunale de Béjaïa, se sont entendus à l'issue de la rencontre ordinaire tenue tard dans la journée du lundi de rejoindre la position consensuelle de l'interwilayas quant aux suites à donner au dialogue de mise en oeuvre de la plate-forme El Kseur. Béjaïa qui était jusque-là l'obstacle principal pour la reprise des pourparlers vient de céder à la pression des différentes coordinations de l'interwilayas laissant la porte ouverte désormais à la reprise des pourparlers avec les représentants de l'Etat. Après de longues heures de débat, la tendance opposée au dialogue drivée par le délégué de Sidi Aïch Bezza Benmansour est revenue à de meilleurs sentiments après s'être exprimée de manière catégorique contre toute reprise la jugeant «inutile après le discours de Bouteflika à Constantine». Il reste un léger différend en matière d'opportunité que l'interwilayas se chargera d'aplanir. La Cicb ne veut pas d'une reprise avant le 24 novembre. Le dernier mot reviendra à la délégation des 20 qui doit se réunir incessamment à Tizi Ouzou pour d'abord rendre compte de l'évolution de la situation mais aussi s'entendre sur la date de la reprise des pourparlers. L'on sait déjà qu'il y a un mécontentement généralisé depuis la veille du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale lorsque Bouteflika jetait un pavé dans la mare en se prononçant sans ambiguïté sur le statut de l'amazight ouvrant conséquemment une crise par rapport à la question du dialogue au sein du mouvement citoyen. Depuis, celui-ci est entré dans une situation inextricable qui vient de trouver enfin une solution. Les deux coordinations locomotives du mouvement campaient toujours sur leurs positions respectives. Deux tendances s'affrontaient. Celle conduite par la Cadc, qui veut reprendre le chemin d'Alger pour sauver les acquis arrachés et celle qui s'y oppose, conduite par la délégation de Béjaïa s'opposant à toute idée de reprise. C'est ainsi que les délégations de Tizi Ouzou et de Bouira soutenues par Alger, BBA, Sétif, Tipaza et Batna, ont demandé à ce qu'une délégation du mouvement prenne attache avec le chef du gouvernement afin qu'il explicite mieux la position de l'Etat face à la question de l'officialisation de tamazight et de réaffirmer la position du gouvernement quant à la concrétisation du protocole d'accord cosigné. Cette délégation devra ensuite rendre compte à l'interwilayas qui aura alors à décider de la suite à donner avec cette «menace» d'aller vers la suspension sine die du dialogue au cas où serait constaté un revirement du gouvernement dans ses attitudes sur cette question. Mais il faut reconnaître à celle de Béjaïa l'effort d'évoluer au fur et à mesure en passant d'un refus catégorique de tout contact avec les pouvoirs publics à une interpellation indirecte du président de la République puis aujourd'hui à une reprise du dialogue pour la concrétisation des revendications de la plate-forme d'El Kseur tel que cosignée le 24 janvier 2005 dans le protocole d'accord global. Une évolution à la hauteur des attentes si l'on considère les aspirations citoyennes à une stabilité durable et au développement qui ne peuvent être sans le règlement de la crise, mais c'est surtout la préservation des acquis qui semblent motiver ce choix de reprise. La coordination de Béjaïa qui avait préconisé une concertation avec la base avant de se décider, a fini par comprendre que l'opinion ne veut rien lâcher de ce qui est acquis notamment pour la frange qui a beaucoup donné pour le mouvement, en l'occurrence les familles des martyrs et des blessés. Déjà fortement affaibli par les différentes dissidences ayant vu le jour à chaque fois qu'il s'agit de nouer des contacts avec l'Etat, le mouvement citoyen vient de sauver la face cette fois-ci, même les différentes coordinations n'ont plus d'attache avec la base citoyenne qui s'illustrait jusque-là par des rencontres publiques et des réunions avec la population. La crise ouverte depuis le discours du président de la République n'avait que l'aspect d'un différend entre les délégués qui ont fini par comprendre que les guéguerres d'autrefois n'ont plus de raison d'être faute d'une mort subite qui ne profitera ni à la région ni encore moins aux délégués.