Marche citoyenne Le changement est historique et édifiant à plus d'un titre, aucun pays dans le monde n'a eu à vivre des périodes charnières d'un changement de régime politique pestiféré et honni par son peuple sans qu'il y ait une effusion de sang. Une brise libertaire s'installe dans le pays de la dignité retrouvée. Le vent du changement fait son bonhomme de chemin pas à pas. La dynamique populaire pacifique a eu raison des tenants de l'oligarchie et ses thuriféraires, le changement exigé, à commencer par la démission de celui qui a régenté le pays pendant 20 ans sans partage, est en train de donner ses fruits et ses résultats. L'histoire retiendra que c'est pour la première fois qu'une expérience politique de changement a été mise en branle dans un pays naissant et avide de vivre dans la dignité et l'honneur. L'Algérie fait dans l'émerveillement et pousse le monde à s'incliner devant son sursaut salvateur et pacifique. L'élan populaire qui a fait son premier pas comme exigence de dénoncer le cinquième mandat de la honte et de l'humiliation, n'a pas cessé de rehausser la cadence de la mobilisation populaire pour exiger le changement du système de la bande «i3ssaba» qui a imposé arbitrairement son diktat contre un peuple qui ne voulait vivre que dans l'humilité et la dignité. Le changement est historique et édifiant à plus d'un titre, aucun pays dans le monde n'a eu à vivre des moments charnières de changement d'un régime politique honni et pestiféré par son peuple sans qu'il y ait une effusion du sang ou troubles provocant le saccage de la propriété collective ou individuelle. C'est une révolte et un mouvement populaire mêlé de sourire et de l'ambiance revendicative opiniâtre, mais aussi joyeuse. C'est un mouvement inédit de par l'expérience qu'a connue le monde contemporain. Les balbutiements de ce mouvement populaire qui a pris avec le temps un caractère massif et imposant ressemblant à un véritable tsunami, avaient des précédents qui étaient à l'origine de cet élan historique unique dans son genre. Les manifestations pacifiques des 12 et 19 février 2011 contre le troisième mandat et les mesures liberticides étaient les germes d'une révolte qui se préparait en sourdine. Les mouvements de grèves à caractère syndical et corporatiste comme c'était le cas pour le secteur de l'éducation et de la santé avec la radicalisation qui s'est exprimée à travers la grève des médecins résidents ont été le carburant qui allait enclencher la dynamique de la dissidence citoyenne contre les choix antipopulaires et antisociaux du système en place. Il faut dire aussi que le printemps noir et la marche historique du 14 juin 2001 fut un tournant décisif dans la mobilisation du peuple pour la défense de ses droits, tous ses droits. Mais la mobilisation qui allait se manifester comme le déclic d'un réveil populaire, ce fut la ville martyre de Kherrata, juste après l'annonce de la candidature du président sortant à un cinquième mandat de trop. Cette ville n'a pas tardé à afficher avec brio son rejet de cette énième mascarade électorale d'un président impotent et grabataire. Le message était clair, les prémices d'une révolte pacifique commençaient à s'esquisser grâce au «baptême» exprimé à Kherrata avec un sens de l'organisation et de civisme qui a poussé les forces de l'ordre à se tenir à carreau et ne pas intervenir pour disperser les foules qui criaient haut et fort «non» à un cinquième mandat et autres slogans dénonçant le système et ses symboles qui voulaient reconduire un statu quo qui a saigné à blanc le pays et dont le peuple en avait marre. Le 16 février ce fut le moment charnière, voire le catalyseur d'un mouvement populaire qui s'est cristallisé en un élan national hors normes en matière de mobilisation d'un peuple dans une synergie et harmonie inédites exprimant son rejet de la candidature du président sortant et aussi le départ sine die d'un régime aux abois et dépourvu de soutien populaire. La dynamique de mobilisation s'est traduite en un rituel de marches massives et imposantes chaque semaine avec leurs fameux actes où le système à chaque fois a été sommé de jeter le tablier et céder la place à une nouvelle ère politique dans l'histoire du pays, celle d'une nouvelle République où la souveraineté sera le leitmotiv et le maître-mot d'un changement démocratique et social. La brise libertaire d'un changement démocratique et pacifique n'a pas été un processus qui a émergé du néant, bien au contraire, c'est un processus de longue haleine qui s'est cristallisé à travers la multitude des luttes, combats et mobilisations qui ont caractérisé le pays depuis 20 années d'une gestion politique caractérisée par le népotisme, la corruption et la mainmise de l'oligarchie.