Organiser des élections avec cette menace pendante, ne relève-t-il pas de l'aventurisme politique? estiment d'ores et déjà des observateurs avertis. Les prochaines élections législatives posent, il faut le croire, beaucoup de problèmes au pouvoir. Alors que la date de leur tenue se rapproche à grands pas, le pays ne semble pas près de sortir d'une situation politique exceptionnelle. Le mouvement citoyen, qui secoue la Kabylie depuis plus de huit mois, constitue un véritable casse-tête pour les décideurs. Le règlement de cet épineux problème est perçu par nombre d'observateurs comme une condition sine qua non pour prétendre organiser sérieusement de véritables élections nationales. Le risque d'un large boycott de la prochaine consultation populaire brandi par la faction radicale des ârchs est, en effet, un élément qui pourrait perturber durablement l'institution législative. En effet, organiser des élections avec cette menace pendante ne relève-t-il pas de l'aventurisme politique? estiment d'ores et déjà des observateurs avertis. Le risque est dans le caractère sans précédent d'une pareille situation, dont l'une des premières conséquences est la rupture du lien, même symbolique, qui lie la Kabylie à une importante institution de la République. Un tel scénario apporterait d'ailleurs de l'eau au moulin des autonomistes, pour lesquels, une réaction négative de la population de la région conforterait leur position. Ce qui n'est pas pour arranger une situation, déjà largement problématique. En appelant au boycott des législatives, l'aile radicale du mouvement citoyen exploite implicitement la donne autonomiste pour amener le pouvoir à céder, sans dialogue et surtout sans délai, aux revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur. C'est une sorte de chantage aux élections. La tendance dure des ârchs est soutenue par le RCD qui, à travers elle, tente de retrouver une crédibilité perdue auprès de l'électorat de Kabylie. Une radicalisation donc qui poursuit un objectif précis, celui de reporter la date de ce vote, le temps de se refaire une santé politique dans une région qu'il a quelque peu délaissée après son entrée au gouvernement. Le souci du FFS est tout le contraire. Bénéficiant d'un capital sympathie acquis par la constance de son discours d'opposition, la formation d'Aït Ahmed donne l'impression d'être fin prête pour le prochain rendez-vous électoral. L'arrivée de Djeddaï à la tête du parti est un élément qui confirme, quelque part, la volonté du FFS de participer aux prochaines élections. Aussi, les dialoguistes du mouvement citoyen, qui ne cachent pas, pour nombre d'entre eux, leur sympathie pour le parti d'Aït Ahmed, sont-ils mis à contribution, pour amener l'interwilayas à la table du dialogue avec le pouvoir. Le challenge du FFS n'est vraisemblablement pas près d'être remporté, car coincé entre une aile dure qui refuse tout contact avec le gouvernement et une autre - les citoyens libres - qui n'a pas hésité à répondre positivement à l'appel du Président de la République. Le reste de la classe politique est divisé sur la question du report ou pas de la date des élections. Au sein de la coalition au pouvoir, seul Ennahda a publiquement exprimé son souhait de voir les élections reportées, pour des considérations essentiellement partisanes, car n'étant pas prêt à entrer en campagne après la saignée de militants au profit du parti de Abdallah Djaballah. Quant aux formations de la coalition gouvernementale, il y a lieu de noter une certaine inquiétude sous-jacente, principalement en rapport avec la situation en Kabylie. Le FLN et le RND sont, certes, passés à l'étape de la mobilisation de leurs troupes, mais il n'en demeure pas moins qu'ils ont le regard braqué sur la Kabylie, nourrissant sans doute, l'espoir de voir le dialogue amorcé par le gouvernement déboucher sur des solutions satisfaisantes pour les citoyens et les partis majoritaires dans la région. A voir l'évolution de la situation sur le terrain, l'on est amené à se poser la question sur le sort des prochaines élections qui, plusieurs mois avant leur tenue, donnent déjà du fil à retordre aux politiques du pays.