Le MSP est déjà en pleine campagne. Les yeux rivés sur les urnes, tous les moyens lui semblent bons pour séduire. Jeudi, à la salle Ibn Khaldoun, le parti de Cheikh Nahnah aura sorti la grosse artillerie pour remettre en cause «les résultats des prochains scrutins». Le MSP, qui veut d'ores et déjà jouer aux «irréductibles», semble opter pour une position radicale, voire parfois insultante. Les interventions de ses cadres n'ont épargné aucune partie de la classe politique, y compris celle de la coalition gouvernementale dont ils font partie. Après avoir chauffé la salle en évoquant El-Qods et l'Afghanistan durant plus de deux heures, avec des chants de circonstance, arrivent les menaces à «fragmentation» de Ahmed Dane. Tout porte à croire que le rapprochement FLN-RND constitue l'un des soucis majeurs du MSP. Le syndrome de la fraude a été évoqué sous toutes ses formes durant tout le meeting. Ahmed Dane a abordé le sujet en termes accusateurs: «Ouyahia a bricolé les résultats des législatives de 1997, quant au FLN, il a pris le soin de cacher le rapport de la fraude.» Allant plus loin, le MSP fait état d'«une odeur de fraude». Fait nouveau dans le discours du MSP, M. Dane menace: «Notre parti n'ira pas aux élections avant la levée de l'état d'urgence (...) Nous ne sommes pas près d'accepter des élections trafiquées.» Il explique en outre que «la reconduction du président du Conseil constitutionnel, M.Bouchaïr est anti-constitutionnelle», en affirmant que le Président de la République et les deux partis de la coalition, en l'occurrence le FLN et le RND, «ont fait le ménage au sein du Conseil constitutionnel pour empêcher la candidature de Nahnah aux présidentielles (...)». «Nous ne vous aimons pas M Bouchaïr», s'écrie M.Dane. C'est d'ailleurs l'une des déclarations qui montre que le discours - dans certains de ses aspects - ne relève pas que de la politique. M.Nahnah, quant à lui, s'en est pris à certains médias privés et publics, notamment la télévision. Il dira en des termes grave: «Contrôlés par des cercles connus, les médias préméditent l'exclusion de mon parti», allusion à Saïd Sadi et à Hachemi Cherif qu'il qualifie d'«impurs». Nahnah a affirmé que son parti «avait beaucoup de choses à dire, si la scène politique continuait à être manipulée par les tenants du pouvoir et ceux qui ont fui le pays pendant la crise qui le frappait durant ces dix dernières années.»