Le convoi de l'ANL autoproclamée La brutale et irresponsable attaque lancée par Haftar contre les autorités de Tripoli, reconnues par la communauté internationale, n'est pas vraiment surprenante tant l'obsession du maréchal reste de s'imposer, contre vents et marées, comme le chef incontestable de la Libye. Les forces de l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée que dirige le maréchal Khalifa Haftar ont été chassées, hier, à hauteur d'un barrage de sécurité établi à 27 km de la capitale alors que le convoi poursuivait son avancée après s'être emparé d'un autre barrage situé à l'entrée ouest de Tripoli où se trouve le siège du gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale. Profitant de la situation qui prévaut depuis plus d'un mois en Algérie, l'homme fort de l'est libyen a donné l'ordre à ses forces de marcher sur la capitale, quitte à déclencher un embrasement militaire dans ce pays fortement divisé. «L'heure a sonné», a ainsi déclaré, jeudi, le maréchal Haftar, dans un message sonore répercuté sur la page Facebook de l'ANL, enjoignant à ses troupes de foncer sur Tripoli où elles ne devaient épargner que les civils, les «institutions de l'Etat» et les ressortissants étrangers. Aussitôt dit, aussitôt fait: le porte-parole du maréchal, le général Ahmad al Mesmari a confirmé dans la même soirée que lesforces de l'ANL sont «aux portes de la capitale» tandis que le président du Conseil présidentiel Fayez al Serraj ordonnait, de son côté, aux troupes loyales au GNA de se «tenir prêtes à faire face à toute menace». Hier donc, parmi les milices déployées autour de Tripoli et dont bon nombre sont originaires de Misrata, la milice de la ville de Zawiya, distante de quelque 2 km à peine des positions de l'ANL dit avoir repris le contrôle des évènements, confirmant «un court accrochage». On apprenait ensuite que plusieurs dizaines de combattants de l'ANL de Haftar avaient été faits prisonniers et leurs véhicules blindés saisis. En guise de preuve, les photos de ces prisonniers portant des uniformes de l'ANL et rassemblés sur le sol dans un endroit tenu secret circulent depuis hier, sur les réseaux sociaux, sans aucune possibilité d'authentification, faut-il le préciser. De même, la force de protection de Tripoli, une coalition de milices loyales au GNA, a indiqué avoir procédé à une contre-offensive et repris le barrage que l'ANL prétendait avoir occupé. Signe des temps, elle a baptisé l'opération Ouedi Doum 2, un clin d'oeil à la défaite essuyée par Khalifa Haftar en 1987 chargé par le colonel El Gueddafi de défendre la bande d'Aouzou, au niveau de la frontière tchado-libyenne, défaite qui lui valut d'être fait prisonnier par N'Djamena. La brutale et irresponsable attaque lancée par Haftar contre les autorités de Tripoli, reconnues par la communauté internationale, n'est pas vraiment surprenante tant l'obsession du maréchal reste de s'imposer, contre vents et marées, comme le chef incontestable de la Libye, quitte à piétiner la légalité internationale. Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi ont réagi dans un communiqué commun, demandant à «toutes les parties» libyennes de faire baisser «immédiatement les tensions». En faisant l'impasse sur les véritables responsabilités de l'assaillant et sur le droit du GNA de réagir à une telle agression, les auteurs de ce genre de communiqué ne font qu'encourager, une fois de plus, le bouillant maréchal dans ses velléités et ses rodomontades qui, faut-il le rappeler, augmentent le niveau d'insécurité non seulement en Libye mais dans l'ensemble de la sous-région nord-africaine. Le Kremlin a pour sa part mis en garde, hier, contre la possible «reprise du bain de sang» en Libye, tout en appelant de ses voeux un règlement «pacifique et politique» du conflit. «Nous estimons indispensable de poursuivre tous les efforts possibles pour une résolution complète de la situation avec des moyens politiques et pacifiques», a déclaré le porte-parole Dimitri Peskov qui insiste sur le fait que Moscou ne participe «d'aucune manière» au soutien militaire des troupes du maréchal Khalifa Haftar, même s'il a été reçu à Moscou en 2017 par le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Alors qu'on s'acheminait vers une sortie de crise tant attendue avec la tenue d'une conférence nationale sous l'égide de l'ONU à Ghadamès, du 14 au 16 avril prochain, et celle proposée en juillet par l'Union africaine, voilà que le maréchal Haftar, fort de l'appui de certains pays qui poursuivent leur ingérence contre-productive dans les affaires intérieures de la Libye, donne un nouveau coup de couteau aux espérances laborieusement construites par la médiation onusienne et le Groupe des pays voisins dont l'Algérie demeure un acteur patient et déterminé.