Les premiers combats entre les forces du général Khalifa Haftar et celles alliées au Gouvernement d'union nationale libyen ont eu lieu hier à une trentaine de kilomètres de la capitale libyenne. Les forces armées du maréchal Khalifa Haftar, qu'il a lancées jeudi pour prendre la capitale Tripoli, ont été stoppées hier dans leur progression en direction de l'ouest du pays. Selon une source de sécurité du Gouvernement d'union nationale libyen, ils ont été chassés après un "court accrochage" d'un barrage de sécurité à 27 km à l'ouest de la capitale. Ces premiers affrontements risquent de replonger la Libye dans un nouveau conflit. Des dizaines de combattants ont été faits prisonniers et leurs véhicules saisis, selon la même source. Des photos de ces "prisonniers" en uniformes militaires et assis à même le sol dans un lieu inconnu, circulent sur les réseaux sociaux. Il n'était toutefois pas possible de les authentifier dans l'immédiat. La force de protection de Tripoli, une coalition de milices tripolitaines fidèles au GNA, a indiqué avoir participé à la reprise du barrage, après avoir annoncé jeudi une contre-offensive pour stopper l'avancée des forces de Khalifa Haftar. Elle a donné le nom de "Ouadi Doum 2" à l'opération, en allusion à la défaite en 1987 du maréchal Haftar, alors officier sous le régime Kadhafi, dans la région de Ouadi Doum sur la bande d'Aouzou, à la frontière du Tchad. Khalifa Haftar s'était alors fait prisonnier. Et face à ce risque d'embrasement, le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir en urgence en soirée hier à la demande du Royaume-Uni, pour discuter de la Libye, après des appels internationaux à la retenue, selon des diplomates. Cette escalade coïncide avec la visite en Libye du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui a rencontré le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj jeudi à Tripoli avant de s'entretenir hier, avec le maréchal Khalifa Haftar, dans l'est du pays. "Mon objectif reste le même : éviter la confrontation militaire", a-t-il souligné sur son compte Twitter. Ceci étant, le maréchal Khalifa Haftar a ordonné jeudi à ses forces "d'avancer en direction de Tripoli". "L'heure a sonné", a-t-il dit dans un message sonore, promettant d'épargner les civils, les "institutions de l'Etat" et les ressortissants étrangers. Avant lui, le général Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l'ANL, avait annoncé mercredi la préparation de cette offensive pour "purger l'Ouest libyen des terroristes et des mercenaires". En réponse, Fayez As-Sarraj a donné l'ordre de "faire face à toute menace". De puissants groupes armés de la ville de Misrata (ouest), loyaux au GNA, se sont dits "prêts à stopper l'avancée maudite des forces de Khalifa Haftar". Face à ces développements, Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi ont appelé jeudi "toutes les parties libyennes à faire baisser immédiatement les tensions". Le Kremlin a mis en garde hier contre "une reprise du bain de sang", et appelé à un règlement "pacifique et politique" du conflit. "Nous estimons que le plus important est qu'aucune action ne conduise à la reprise du bain de sang", a affirmé à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il y a lieu de rappeler qu'une Conférence nationale sous l'égide de l'ONU est prévue mi-avril à Ghadamès (Sud-ouest), afin de dresser une "feuille de route" avec notamment la tenue d'élections pour tenter de sortir le pays de l'impasse. Merzak Tigrine