L'ambassade des Etats-Unis justifie le faux bond du diplomate américain par «des raisons indépendantes de sa volonté». Coup de théâtre, hier à Alger; le secrétaire d'Etat adjoint américain aux Affaires du Proche-Orient, David C. Welch, qui devait entamer, dimanche, une visite de deux jours dans notre pays, est rentré en extrême urgence à Washington. Une décision inattendue, puisque même les quotidiens nationaux, ont largement traité de l'importance de cette visite. Une série de questions s'imposent donc en l'absence d'éléments d'information officiels. A-t-il été rappelé par le département d'Etat, où le report de sa visite répond-il à des impératifs d'ordre familiaux? Y a-t-il un lien entre le report de cette visite et des considérations d'ordre politique liées, au dernier séjour de M.Welch au Proche-Orient. En effet, lors de sa visite dans la région, samedi dernier, David Welch a demandé à Israël de se conformer à tous les aspects de l'accord sur les points de passage aux frontières de Ghaza et de la Cisjordanie. Aucune explication ne nous a été fournie par l'ambassade des Etats-Unis à Alger. Cette dernière, qui s'est contentée d'adresser un communiqué de presse laconique aux médias nationaux, justifie le faux bond du diplomate américain par «des raisons indépendantes de sa volonté». Cependant, précise le communiqué, David Welch promet de «reprogrammer prochainement» sa visite. Par ailleurs, dans un second communiqué adressé, en fin d'après-midi à notre rédaction, l'ambassade des Etats-Unis à Alger indique dans un style peu convaincant que «M.Welch a dû rester en Libye pour une journée supplémentaire pour assister à des réunions de haut niveau». Avant de conclure qu'il espère reprogrammer sa visite en Algérie l'année prochaine, aussitôt que possible. Il reste que les arguments avancés par les services de l'ambassade dénotent la gêne de cette dernière de ne pas détenir les éléments de réponse pour convaincre la presse. «Même nous, ne savons pas les raisons de ce report», affirme une source de l'ambassade, qui rassure, toutefois, qu'il ne s'agit là que d'un simple report et que M.Welch effectuera bel et bien sa visite au cours des prochains jours. Il est utile de relever, à l'issue de ce report «mystérieux» qu'en temps normal, une telle décision est prise quelques jours avant le jour «J». Or, pour le cas de M.Welch, c'est tout autre chose. Car, non seulement le diplomate américain devait être reçu par le chef du gouvernement et le ministre des Affaires étrangères, mais avait convié les médias à une conférence de presse qui devait se tenir, hier après-midi à Djenane El Mithak. A noter que l'annonce du report de la visite du diplomate américain intervient le jour de l'ouverture à Alger de la conférence des ministres de la Défense des «5+5». Contacté par nos soins, le chargé de la communication au ministère des Affaires étrangères a affirmé que ce report n'a rien à voir avec les relations entre les deux pays. De son côté, une autre source du même département, tout en se disant étonnée par la «nouvelle» indique: «Nous avons pourtant pris toutes les dispositions protocolaires d'usage», en prévision de l'audience que devait accorder M. Bedjaoui à son hôte, ajoute notre interlocuteur. Ce qui laisse supposer que l'ambassade des Etats-Unis n'a même pas daigné informer à temps le ministère des Affaires étrangères, à propos de ce «lapin». Il est donc clair que même si les relations entre Alger et Washington ont connu au cours des ces quatre dernières années un véritable bond qualitatif, notamment sur les plans économique et sécuritaire, il reste que des clichés demeurent au chapitre politique. En dénote le froid affiché par les diplomates américains, lors de leurs dernières visites en Algérie. L'exemple de William Burns qui a animé un point de presse furtif à l'aéroport Houari-Boumediene et de Colin Powell qui avait passé quelques heures à Alger après une villégiature de trois jours au Maroc, confirment cette «distance» entre Alger et Washington.