El Béchir est destitué Le ministre de la Défense Awad Ibn Ouf a annoncé à la télévision «la chute du régime et le placement en détention de Omar el-Béchir». Il a ensuite annoncé l'instauration pour deux ans d'un «Conseil militaire de transition» dont il a pris la direction. Le président Omar el Béchir, qui dirigeait le Soudan d'une main de fer depuis 30 ans, a été renversé jeudi par un coup d'Etat de l'armée, dans le sillage d'un soulèvement populaire, et remplacé par un «conseil militaire de transition» pour deux ans. Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et l'Union européenne (UE), ont exhorté les militaires à intégrer les civils pour cette transition. Le ministre de la Défense Awad Ibn Ouf, longtemps proche d'al Béchir, a été nommé à la tête du Conseil militaire de transition, après avoir annoncé à la télévision d'Etat «la chute du régime et le placement en détention «de Omar el Béchir. Des milliers de manifestants ont marqué leur rejet d'instances militaires de transition en se rassemblant devant le QG de l'armée malgré un couvre-feu imposé pour un mois. L'armée a ordonné aux manifestants de «respecter (le couvre-feu) pour (leur) propre sécurité», laissant planer le risque de violences. Le président soudanais Omar el Béchir destitué, la foule des manifestants rassemblée à Khartoum est désormais déterminée à chasser les généraux du régime déchu, qui ont promis hier un «gouvernement civil» sans fixer d'échéance. Jeudi, le ministre de la Défense Awad Ibn Ouf a annoncé à la télévision d'Etat «la chute du régime et le placement en détention de Omar el Béchir». Il a ensuite annoncé l'instauration pour deux ans d'un «Conseil militaire de transition» dont il a pris la direction. Hier matin, lors d'une conférence diffusée à la télévision d'Etat, le général Omar Zinelabidine, membre de ce conseil, a tenté d'apaiser les manifestants, qui ont bravé le couvre-feu pour marquer leur refus d'une transition militaire. Le futur gouvernement sera «un gouvernement civil», a-t-il assuré, promettant un dialogue de l'armée «avec les entités politiques». Campant depuis sept jours d'affilée devant le QG de l'armée, les manifestants ont passé la nuit dans le calme. Selon un bilan officiel, 49 personnes ont été tuées depuis le 19 décembre. Les militaires au pouvoir ne permettront «aucune atteinte à la sécurité», a prévenu M.Zinelabidine. Autour de lui, des milliers de manifestants continuent d'affluer. Certains boivent du thé, préparent du café, lisent le Coran sous un soleil déjà brûlant.»On attend un grand rassemblement pour la prière du vendredi». Des manifestants ont appelé à tenir cette prière devant le QG de l'armée. De nombreux soldats sont visibles dans la foule, discutant sans animosité avec les contestataires. Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et l'Union européenne (UE), ont exhorté jeudi les militaires à intégrer les civils au processus de transition. A l'annonce de la destitution d'El Béchir, au pouvoir depuis un coup d'Etat en 1989, la foule sortie dans les rues de Khartoum avait d'abord laissé exploser sa joie, embrassant les soldats et dansant sur les chars. Mais l'enthousiasme est vite retombé et hier, les manifestants appellent à poursuivre la contestation, dont l'étincelle de départ a été la décision du gouvernement le 19 décembre de tripler le prix du pain dans ce pays en plein marasme économique. Une session d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Soudan devait se tenir hier à huis clos, à l'appel de six capitales, dont Washington, Paris et Londres. Les Etats-Unis ont réclamé «une participation des civils au sein du gouvernement», tout en saluant un «moment historique». L'UE a aussi appelé l'armée à un transfert «rapide» du pouvoir aux civils, tandis que l'Union africaine a critiqué la «prise de pouvoir par l'armée» au Soudan, estimant qu'elle «n'est pas la réponse appropriée aux défis» du pays. L'espace aérien du Soudan a été fermé pour 24 heures et les frontières terrestres jusqu'à nouvel ordre, a déclaré jeudi M. Ibn Ouf.