Les rebelles, qui ont jusqu'alors toujours refusé de discuter avec les autorités de Kaboul, qu'ils qualifient de «marionnettes» de Washington, n'ont pas confirmé la rencontre du 19 au 21 avril. Les talibans ont annoncé hier lancer leur offensive annuelle de printemps alors que des pourparlers de paix sont en cours tant avec les Etats-Unis qu'avec des représentants du gouvernement afghan qu'ils doivent rencontrer la semaine prochaine. L'opération Al-Fath - «victoire» en arabe -, vise à «éradiquer l'occupation» et «nettoyer notre patrie musulmane de l'invasion et de la corruption», a indiqué le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid. «Notre devoir jihadiste n'est pas encore terminé», a-t-il poursuivi dans un communiqué diffusé sur Twitter ainsi que sur le site Internet des insurgés. L'offensive de printemps des talibans marque habituellement le début de ce qui est considéré comme la «saison des combats», bien que ces dernières années ils se soient poursuivis pendant l'hiver. En mars, l'administration du président afghan Ashraf Ghani a annoncé une offensive des forces de sécurité afghanes, nommée «opération Khalid». Des initiatives de paix ont pourtant été récemment lancées mais talibans et autorités de Kaboul espèrent renforcer sur le champ de bataille leur position à la table de négociations. Les Etats-Unis, qui cherchent à s'extraire d'Afghanistan, la plus longue guerre de leur histoire, ont entamé à l'été 2018 des pourparlers avec les rebelles pour tenter de mettre un terme au conflit armé. La dernière session de discussions bilatérales s'est achevée en mars au Qatar. Des membres de l'opposition au président Ashraf Ghani ont également rencontré les talibans en février à Moscou. Et pour la première fois du 19 au 21 avril à Doha, une délégation du gouvernement afghan doit rencontrer des représentants talibans, a fait savoir jeudi la présidence afghane. Les rebelles, qui ont jusqu'alors toujours refusé de discuter avec les autorités de Kaboul, qu'ils qualifient de «marionnettes» de Washington, n'ont pas confirmé cette date. Ils nient également tout caractère officiel à cette rencontre, insistant sur «un échange de points de vue» et sur le fait que «toute personne faisant partie de l'administration de Kaboul (...) ne participera qu'à titre personnel». «Des ordres de lancement coordonné des opérations Al-Fath dans tout le pays ont été donnés», consistant «à éliminer les compatriotes qui servent dans les rangs de l'armée, de la police et des milices et qui sont utilisés par les envahisseurs pour leurs propres objectifs», ont insisté les talibans dans leur communiqué. Ils estiment que «les forces d'occupation étrangères continuent d'exercer une influence militaire et politique dans notre pays islamique». Un porte-parole du ministère afghan de la Défense a qualifié cette annonce de «propagande». «Les talibans n'atteindront pas leurs objectifs vicieux et leurs opérations seront vaincues comme les années précédentes», a estimé ce porte-parole, Qais Mangal. Selon l'analyste militaire et ex-général de l'armée afghane Ateequllah Amarkhail, l'annonce des talibans «a pour objectif de défier le gouvernement» et d'»entamer les pourparlers en position de force». Il redoute «des combats intenses cette année» avec «de nouveaux morts» dont «de nombreux civils». Alors que Kaboul a vécu ces derniers mois dans un calme relatif, après une année 2018 extrêmement violente, trois soldats américains ont péri lundi lors d'une attaque-suicide à l'extérieur de la base militaire de Bagram, à une cinquantaine de km de la capitale.