La situation est propice pour l'élaboration d'une feuille de route qui puisse permettre à l'armée qui a affiché son soutien indéfectible à la volonté du peuple d'accompagner sereinement la période de transition. L'histoire semble vouloir prendre son temps pour s'écrire. Les événements s'accélèrent pourtant, mais à un rythme plutôt cadencé. Un bon signe. Tout ce qui est fait dans la précipitation a de fortes chances d'aboutir à un résultat bâclé. Ce que ne peut se permettre l'Algérie qui ambitionne de mettre les deux pieds définitivement dans le cercle des pays démocratiques dont la gestion repose sur des institutions saines assurant une justice équitable pour tous. Il lui faudra franchir cette étape cruciale provoquée par la voie constitutionnelle qui a conduit à un imbroglio politique. Une situation qui indique que l'application stricto sensu de l'article 102 de la Loi fondamentale constitue un verrou pour une sortie de crise. Y a-t-il une autre issue? Il paraît osé pour le moment de répondre par l'affirmative, mais vu la tournure que prennent les événements il n'est nullement exclu, nous nous dirigeons directement vers une solution politique. La solution à la crise sera politique! La situation est propice à l'élaboration d'une feuille de route qui puisse permettre à l'armée qui a affiché son soutien indéfectible à la volonté du peuple d'accompagner sereinement la période de transition. Une offre qui légitimera le rôle de facilitateur qu'assume admirablement l'institution militaire extrêmement vigilante et sourcilleuse lorsqu'il s'agit des institutions de la République. Les rédacteurs de ce document veilleront donc sans aucun doute à ce que cette plate-forme assure sans coup férir la pérennité de l'Etat. Il faut souligner que l'Algérie qui s'apprête à célébrer le mois de Ramadhan, n'a pas l'intention de l'observer dans une ambiance aussi stressante. Tout comme il est urgent d'apporter des réponses à la crise financière que traverse le pays, prendre des mesures qui lui permettront de sauvegarder ses réserves de devises. Diversifier une économie nationale trop dépendante de son secteur pétrolier dont les exportations qui ont diminué l'exposent à une crise potentielle majeure. Autant de défis qui indiquent qu'il faut sortir de cet imbroglio politique dans les plus brefs délais. Tous les indices convergent pour l'imminence d'une sortie politique de la crise. Les manifestations pacifiques qui rythment la vie du pays de façon ininterrompue et quasi quotidienne depuis le 22 février en ont tracé le cap. Rien ne semble vouloir contrarier cet objectif, cette soif d'instaurer une République dont les agrégats seront constitués de justice sociale, de liberté d'expression, de droits et d'obligations pour tous... Le vent du changement a soufflé et emporte un à un les symboles du système alors que le verrou que représente l'article 102 pour aller vers une véritable transition est sur le point de sauter. Le vice-ministre de la Défense n'a pas fermé la porte à cette éventualité. «Nous réitérons l'engagement de l'Armée nationale populaire d'accompagner les institutions de l'Etat durant cette transition, tout en soulignant que toutes les perspectives possibles restent ouvertes afin de surpasser les difficultés et trouver une solution à la crise dans les meilleurs délais...» a assuré, le 16 avril, Gaïd Salah dans une intervention tenue dans le sillage de la démission du président du Conseil constitutionnel. Un départ qui débroussaille le chemin qui conduirait vers une solution qui ne reposerait plus sur la Loi fondamentale mais surtout vers ce changement radical revendiqué par une nette majorité du peuple assuré du soutien de son armée qui le lui a à nouveau réitéré. La lune de miel entre ce tandem n'est pas près de s'interrompre alors que toute la mécanique s'emballe pour que l'élection présidentielle fixée au 4 juillet par Abdelkader Bensalah, qui assure l'intérim de la présidence de la République depuis la démission de Abdelaziz Bouteflika, soit annulée. Le refus de certains maires de procéder à la réactualisation des listes électorales est en train de faire tache d'huile. Les magistrats ont, eux aussi, manifesté leur refus, d'encadrer et de superviser cette élection. La plupart des partis, ceux de l'opposition, qui ont repris du poil de la bête depuis que le Hirak a fait bouger les lignes, ont décidé de boycotter ce rendez-vous.