Cette masse populaire qui représente les 70% de la population est comme un butin de guerre retrouvé dans cette révolution Avec la démission du 1er B, le Hirak pensait que ce vendredi serait la grande fête de la victoire. Mais il a vite déchanté sans toutefois se démobiliser en promettant une nouvelle démonstration de force. Ça va chauffer! Un nouveau vendredi historique s'annonce! Malgré la pression et la répression, les Algériens ne lâchent rien! Bien au contraire, le Hirak a connu un nouveau souffle pour faire tomber ce qu'il qualifie de résidu du système «Bouteflika». Les étudiants ont annoncé la couleur mardi dernier avec leur rassemblement qui avait des airs de... vendredi! Des milliers, pour ne pas dire des millions, avaient envahi les rues du pays pour réclamer le vrai changement. Leur marche s'était transformée comme une grande fête après l'annonce de la démission d'un des 3 B, à savoir Tayeb Belaïz, ex-président du Conseil constitutionnel (CC). L'espoir était né chez eux de voir les deux autres B suivre, le chef d'Etat par intérim Abdelkader Bensalah et son Premier ministre Noureddine Bedoui. Les Algériens s'imaginaient que c'était le début du scénario qui circulait depuis quelques jours. On parlait de la nomination d'une personnalité de «consensus» à la tête du CC, qui allait remplacer le chef de l'Etat démissionnaire, et la chute du gouvernement par la même occasion. On pensait alors que la grande marche de demain sera la grande fête de la victoire. Néanmoins, aux environs de 20h, l'Algérie a vite déchanté! Fenniche Kamel remplace Belaïz annonce l'agence officielle (APS) dans une dépêche. Un inconnu au bataillon, c'est bien, disaient-ils sceptiques avant de se plonger dans Google pour avoir un petit aperçu de la carrière de cet homme. C'est la douche froide quand ils découvrent qu'il était déjà membre du Conseil constitutionnel. Toutefois, la déception est encore plus grande quand les premiers témoignages sur le passé sulfureux de cet ex-magistrat tombent. Des militants désignent cet homme comme leur «bourreau». Ils révèlent que celui qui pourrait prendre la tête de l'Etat aurait mis des jeunes militants en prison du temps qu'il était procureur de la République à Béjaïa. «Il a jeté en prison des lycéens et des étudiants le soir du 20 mai 1981 après 24 h de garde à vue dans les sous-sols du commissariat de Béjaïa. Ils n'ont pas eu droit à une seule goutte d'eau», révèlent-ils sur leur page Facebook. Ces grands militants l'accusent «d'avoir dressé un réquisitoire accablant lors du procès, le 28 octobre 1981, à l'issue duquel des peines allant d'une année à quatre années fermes ont été prononcées contre de jeunes lycéens et étudiants». Dans le monde magique des réseaux sociaux, l'information a circulé comme une traînée de poudre. D'autres témoignages ont suivi contre cet homme déjà décrié avant même qu'il ne prenne officiellement ses fonctions. La colère est remontée d'un cran, les appels à la marche pour vendredi ont repris de plus belle, avec comme mot d'ordre: le plus grand rassemblement depuis le début du Hirak. Plus déterminés que jamais, les Algériens promettent une nouvelle journée historique. «Qu'il pleuve ou qu'il vente, qu'il nous frappe ou nous tue, on sera au rendez-vous», écrivent-ils fièrement sur les réseaux sociaux. On est donc face à un nouveau tournant décisif pour le pays. Toujours avec autant de «silmiya», le peuple ne lâche rien jusqu'à ce que «Irhouhou gaâ»...