Pour le neuvième vendredi, Bouira a encore marché avec autant de monde que les précédentes fois. La grande procession d'hier s'est ébranlée comme à l'accoutumée depuis la Maison de la culture pour aller jusqu'à la résidence Nassim à l'entrée nord de la ville pour ensuite revenir au point de départ en passant par l'université Akli Mohand Oulhadj. Tout au long de la marche, les participants ont scandé leurs revendications habituelles prônées depuis le 22 février dernier. Le départ de Tayeb Belaïz, ex-président du Conseil constitutionnel et son remplacement par Kamel Fenniche ne semble pas satisfaire le peuple qui a exigé plus de fermeté de la part du chef d'état-major. Pour la première fois et tout au long de la procession, les manifestants ont répété ce slogan «Ya Salah, ya Gaïd, yatnahou gaâ». Précisons que jeudi, mercredi, mardi, lundi et dimanche passés et pendant toute la semaine, la wilaya de Bouira a connu des marches, des grèves pour faire valoir les mêmes revendications. Le mercredi, l'avocat Bouchachi avait animé une conférence dans une salle archicomble, à la Maison de la culture Ali Zamoum du chef-lieu de wilaya. La crainte de voir cette manifestation perturbée par des parties non identifiées, mais qui sèment le trouble sur les réseaux sociaux s'est vite dissipée et les manifestants ont exprimé leurs slogans dans une ambiance pacifique exemplaires ses revendications passant devant des éléments de sécurité venus assurer la sécurité des marcheurs. La foule, dans sa globalité, a rejeté les élections du 4 juillet prochain et les rencontres entamées par le chef de l'Etat avec «les restes du système» comme nous le dira un manifestant. Cet empressement à convoquer le corps électoral et l'organisation de l'élection le 4 juillet prochain est une manoeuvre pour gagner du temps, remettre l'ordre dans la demeure pour revenir en force dès le 4 juillet prochain. Bensalah fait appel à ceux-là même qui ont dans un passé proche participé à la débâcle du système que nous rejetons dans sa totalité» commente un étudiant. «On doit commencer par une commission indépendante des élections, la mise en place d'un gouvernement neutre et technocrate pour ensuite parler de présidentielle. Dans cette fuite en avant, il y a une volonté de casser le mouvement populaire qui n'a toujours pas engagé le débat et qui demeure occupé par le souci d'éjecter les figures emblématiques du système» pense un marcheur, cadre de la santé. Les marcheurs ont aussi largement commenté la position de notre ANP. «Nos soldats ne veulent pas s'emparer des acquis du peuple comme tente de le faire une classe politique qui reste aux aguets et prête à kidnapper les acquis comme en 1988. L'armée a clairement affiché son rôle de garant de la sécurité des biens et des personnes.»