C'était une occasion d'émotions, de retrouvailles, de plaisir, de passer de bons moments avec de la bonne musique et de commémoration, bien évidemment. Comme de son vivant, le défunt Mustapha Skandrani, continue à faire plaisir aux amateurs de la musique chaâbie et andalouse. En effet, mort il y a presque trois mois, l'ombre du défunt planait, une fois de plus, au-dessus de tout un chacun présent à la salle du centre culturel de la radio nationale Aïssa-Messaoudi, à l'occasion d'un gala-hommage organisé par la Radio algérienne en la mémoire du regretté. Une fois de plus, même mort, Skandrani a réussi à réunir la famille des artistes, et à marquer ainsi, sa «présence». On le voyait à travers ses compositions jouées par les Mokdad Zerouk, Chaâou, El Koubi et autres. On le voyait à travers ses élèves qui ont tenu à participer, en tant que musiciens, à cet hommage. On le voyait à travers sa famille qui était, aussi, présente. Tout le monde était là. Une assistance nombreuse était présente. Sa famille, ses ami(es), des artistes, des musiciens, des mélomanes de tout âge et des deux sexes, ont marqué leur présence lors de cette halte commémorative. Il est 20 heures, lorsque l'orchestre de la Radio nationale, composé d'une armada de musiciens conduite par le maître Moukdad Zerouk, fait son apparition sur la scène de l'auditorium. Ainsi, pratiquement tous les instruments habituels lors des concerts du chaâbi et de l'andalou étaient utilisés sauf... le piano. C'est la remarque qui n'a, d'ailleurs, pas échappé au public. «...mais, où est le piano?», s'interrogeait Mahmoud. La réponse est chez son épouse, qui lui réplique ironiquement: «Le piano est en deuil éternel. Il est triste de la séparation de son véritable maître.» Un quart d'heure plus tard, c'est le moment d'émotion. Silence, on commence. C'est sous une lumière tamisée, un silence religieux et les rimes de la mélodie «Noubate Essoltane», qu'a composée le défunt, que la soirée a débuté. C'était une occasion pour les uns et les autres, de revenir un peu en arrière et de déterrer les souvenirs enterrés. Le maître Moukdad Zerouk, présente, ensuite, la chanson Ya hasrah ala douk liame. Et c'est à travers la musique douce de cette chanson et ses paroles d'antan qui renvoient à l'époque juvénile, que l'assistance a fait un voyage dans le passé. Lors de cet hommage, une occasion était offerte pour un bon nombre de chanteurs de chaâbi, qui ont fréquenté et accompagné le compositeur dans sa carrière artistique, de se retrouver, à l'image de Sid-Ali Driss, Azziouz Raïs, Abdelkader Chaâou, Abderrahmane El Koubi, Sid-Ahmed Serri pour ne citer que ceux-ci. Cet hommage, était une occasion aussi pour quelques autres chanteurs de retrouver la scène, après quelques moments d'éclipse, à l'image de Youcef Toutah, qui n'a pas lui aussi, manqué le rendez-vous. C'était une occasion, donc, d'émotions, de retrouvailles, de plaisir, de passer de bons moments avec de la bonne musique et de commémoration bien évidemment. Après Youcef Toutah, c'est au tour d'Abderrahmane El Koubi de monter sur la scène. Avec ses musiques un peu rythmiques et ses mouvements sur scène, El Koubi anime la salle et fait frissonner le public par ses chansons attendrissantes. Pour la clôture de la soirée, c'est Abdelkader Chaâou qui présente quatre chansons du patrimoine, notamment celles composées par le défunt Skandrani. A cette occasion, le chanteur de chaâbi a choisi deux titres, à savoir Salfe makmoulte l'beha et Koulou eli techfa allache. Ainsi, c'est avec des accents bouleversants et les paroles palpitantes de ces deux chansons que le chanteur a fait trembler les coeurs de l'assistance. La chanson phare N'har eldjemaâ a rappelé au public une jeunesse engloutie par le temps, et l'a entraîné dans le chantonnement de couplets en parfaite synchronisation avec le chanteur. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il est toujours intéressant de se rappeler de nos maîtres dans tous les styles, le chaâbi, l'andalou, chaoui, kabyle, etc. Cependant, il serait plus intéressant d'organiser ce genre de cérémonies pendant leur existence, mais pas après leur mort.