Les chefs de la contestation au Soudan ont annoncé vendredi la formation prochaine d'une autorité civile chargée des affaires du pays, pour accroître la pression sur les militaires qui ont refusé jusque-là de transférer le pouvoir. Sur le terrain, des milliers de Soudanais sont rassemblés devant le QG de l'armée dans le centre de la capitale Khartoum, pour le 14e jour consécutif. Il y a quatre mois, un mouvement populaire a commencé au Soudan pour protester d'abord contre le triplement du prix du pain dans un pays à l'économie exsangue. Il s'est rapidement transformé en contestation contre le président Omar el-Béchir qui a été destitué le 11 avril par l'armée après 30 ans de pouvoir. Depuis son renversement, un Conseil militaire de transition dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhane a pris le pouvoir et a résisté jusque-là aux appels des manifestants à le transférer à une administration civile. Déterminée à maintenir la pression, l'Association des professionnels soudanais (SPA), groupe en première ligne de la contestation, a annoncé que «les noms des membres d'un Conseil civil chargé des affaires du pays seront annoncés lors d'une conférence de presse aujourd'hui devant le QG de l'armée.»Nous réclamons que ce Conseil civil, qui comprendra des représentants de l'armée, remplace le Conseil militaire», a déclaré Ahmed al-Rabia, un des leaders de la SPA. L'armée n'a pas réagi dans l'immédiat. Au sit-in devant le QG, les manifestants disent leur intention de rester jusqu'au départ des militaires du pouvoir. Arrêté et détenu dans une prison de la capitale, M. Béchir, 75 ans, est sous le coup de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), pour «génocide» et «crimes de guerre» au Darfour. Les autorités actuelles refusent son extradition. Galvanisés par les concessions obtenues, les manifestants apparaissent plus déterminés que jamais. Vendredi, malgré une chaleur étouffante, ils ont dansé et chanté. Depuis le 19 décembre, la répression a fait plus de 60 morts et des centaines de blessés. Les Etats-Unis, qui maintiennent le Soudan sur leur liste noire des «Etats soutenant le terrorisme», ont salué les premières mesures prises par les militaires, appelant à une transition qui réponde aux voeux des Soudanais. La responsable de l'Afrique de l'Est au Département d'Etat, Makila James, «sera aujourd'hui au Soudan «, a annoncé un haut responsable américain.