Parmi les cinq plus importantes fortunes africaines et classé dans le top 100 mondial... La désormais affaire Rebrab n'est, en fait, qu'une entrée en matière dans une opération au long cours. Des informations sourcées font état d'une impressionnante liste d'individus suspectés d'avoir détourné l'argent des Algériens. Issad Rebrab a été finalement placé, avant-hier, tard dans la soirée, sous mandat de dépôt, à l'issue d'un interrogatoire qui aura duré plusieurs heures dans le bureau du procureur de la République. Le P-DG de Cevital n'a visiblement pas convaincu le magistrat, puisque ce dernier a appliqué les textes de loi avec la rigueur qu'exige un dossier bien ficelé. Le services des investigations de la Gendarmerie nationale a donc bien fait son travail et confondu le richissime homme d'affaires sur l'ensemble des faits retenus contre lui. La mise sous mandat de dépôt est certes une procédure légale, mais illustre néanmoins la gravité des accusations portées contre le prévenu. Issad Rebrab est arrivé dans un fourgon cellulaire de la gendarmerie vers 2 heures du matin devant les grilles de la maison d'arrêt d'El Harrach. Au sortir du tribunal de Sidi M'hamed, des escarmouches se sont produites entre ses partisans et des badauds. Il a passé sa première nuit en prison. Il devra séjourner encore plusieurs jours en moins, puisqu'il aura à comparaître sous le régime carcéral devant un juge d'instruction. Ce dernier, dont la mission sera d'instruire à charge et à décharge, entendra le prévenu sur chaque affaire et veillera à ne rien laisser au hasard. Au vu de la «lourdeur» du dossier Rebrab, les observateurs s'attendent à ce que l'instruction dure plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Le temps de la justice, étant ce qu'il est, ne peut être contracté et durant toute l'instruction, le P-DG de Cevital fera des va-et-vient entre la prison et le bureau du juge d'instruction. Il va de soi qu'au vu de son âge et des maladies chroniques dont il souffre, il bénéficiera d'un traitement spécial, mais dans les limites qu'accorde la loi en milieu carcéral. D'ailleurs, la question des conditions d'incarcération sera la première bataille de ses avocats. Il s'ensuivra ensuite celle qui consistera à obtenir la liberté provisoire. Cette étape de la procédure sera enclenchée sitôt le dossier judiciaire transmis à la chambre d'accusation, dont la mission sera de qualifier le délit et décider de la date du procès et la mise du prévenu en liberté provisoire ou son maintien en détention préventive. La «grande bataille» des avocats sera justement de pouvoir permettre à Issad Rebrab de sortir de prison et préparer son procès de l'extérieur. Mais l'accord de la chambre n'est pas acquis d'avance, même si la défense conserve un droit d'appel. Une réponse négative signifiera une prolongation de la détention jusqu'au jour du procès. Il convient de noter que la durée de la détention préventive en Algérie est fixée par la loi et ne saurait être indéfiniment renouvelée. Ce traitement, somme toute normal, pour toute affaire judiciaire, aura certainement son impact sur la vie du richissime hommes d'affaires qui compte parmi les cinq plus importantes fortunes africaines et classé dans le top 100 mondial. Il faut dire à ce propos que l'actionnement de la justice à son encontre, même si la présomption d'innocence doit lui être garantie, est en soi une preuve irréfutable de la volonté d'aller au fond de la lutte contre la corruption en Algérie. La désormais affaire Rebrab n'est, en fait, qu'une entrée en matière dans une opération au long cours. Des informations sourcées font état d'une impressionnante liste d'individus suspectés d'avoir détourné l'argent des Algériens. Avant-hier, c'était Rebrab, hier, la fratrie Kouninef et les jours à venir réservent beaucoup de surprises à l'opinion nationale. D'autres hommes d'affaires, des ministres, des officiers de l'ANP, dont les noms et les «exploits» avaient fait le tour du pays, seront appelés à répondre de crimes commis contre l'Algérie et les Algériens. Il s'agit de deniers publics, ce qui est impardonnable. Le travail qu'accomplira la justice sera titanesque. Il n'est pas dit, pour autant, que le pays sera remué de fond en comble, puisque l'Algérie regorge aussi de patrons et de fonctionnaires honnêtes. Il s'agit, pour l'armée, la justice et tous les Algériens, d'extirper le mal à la racine. Cela passe par des interpellations «spectaculaires» des procès «retentissants», avec des condamnations, mais aussi des relaxes et peut-être même quelques erreurs. D'autres grandes nations sont passées par cet «électrochoc», nécessaire pour la maturation d'une République. Le tout est de laisser la justice faire son travail et la protéger pour que le processus d'assainissement de la vie publique arrive à son terme dans les meilleures conditions possibles.