C'est à Djelfa que se tiendront finalement les assises du procès de la Générale des concessions agricoles d'Algérie. La Cour suprême vient de rendre public son arrêt. La cour de justice de Djelfa en est chargée de traiter et de juger l'affaire. Tous les dossiers ont été centralisés dans cette wilaya. Les prévenus détenus depuis presque cinq ans (septembre 2008) viennent d'être tous rassemblés à la Maison d'arrêt de Djelfa. La Cour suprême qualifiant l'acte a demandé aux responsables de la cour de Djelfa de charger une équipe autrement constituée, c'est-à-dire de nouveaux magistrats qui n'ont pas eu de lien ou traité le dossier de la GCA quand il était au niveau du tribunal local. La durée de détention préventive nous est apparue trop longue. Un avocat, Me Abdelahoum nous a expliqué qu'à chaque fois que l'un des prévenus introduit un recours en cassation auprès de la Cour suprême la durée se prolonge pour tout le monde. Ainsi le respect de la disposition devient un lourd fardeau à supporter par les prévenus en détention. Parmi la trentaine de personnes en détention et liberté provisoire ou assignée à contrôle judiciaire, il y a d'abord ceux qui sont désormais malades mentalement, ceux qui ont perdu tout espoir dans la vie comme ce jeune Boukhelkhal, chargé des travaux de saisie au secrétariat de la direction régionale de Djelfa ou encore ce conducteur technique des travaux, Guedouari, du barrage d'oued Zoubia et du barrage de Krirech qui font l'axe principale des discussions quand le sujet de la GCA est traité. Toute la population compatit avec eux et dénonce la disposition actuelle du code de la procédure pénale. Si pour le premier contre qui, le chef d'accusation retenu est «faux et usage de faux sur documents administratifs» dont la peine prévue ne dépasse guère les 12 mois et qu'il n'a même pas été élargi et maintenu sous contrôle judiciaire, il croupit derrière les barreaux depuis cinq ans. Quand à la tribu de Guedouari elle ne participe plus aux différents votes et à une idée fixe sur la justice. Tous ses membres se sont ligués pour soutenir leur concitoyen. Ils ne demandent pas qu'ils soient libérés sous pression mais qu'il soit enfin jugé. L'ex-DG de l'Inspection générale des finances qui avait piloté l'opération de la GCA avait été dégommé par les hautes instances suite au mouvement de protestation des inspecteurs le dénonçant d'éliminant des remarques et d'en ajouter d'autres qui lui sont propres et irréelles. Ses remarques sont confondantes et n'ont aucun lien avec la réalité. L'exemple du dossier de la GCA fut donné par les inspecteurs protestataires. Donc si l'ex- directeur général avait retouché les dossiers et conclusions, la justice a été induite en erreur. Si la justice a été induite en erreur les prévenus détenus seraient en prison pour rien. La Cour suprême ayant défini avec précision que le caractère du statut juridique de la GCA étant celui d'une entreprise publique économique donc non assignée au code des marchés publics. Pourquoi alors le DG des IGF avait souligné ce non-respect du CMP. Etait-il sadique ou narcissique pour induire la justice en erreur et envoyer des personnes en prison ? Loin de s'ériger en avocat des personnes détenues dans ce contexte mais il y a lieu de relever certaines incohérences que les magistrats sages et honnêtes avec qui nous avions débattu la question de la détention préventive ont relevées. Certes il y a un avant- projet de loi qui réformera cette disposition mais en attendant, il faut reconnaître que ce n'est pas courant, elle a fait des victimes. Les fuites entretenues en direction des journalistes et surtout envers deux correspondants de Djelfa étaient savamment et diaboliquement conçues. Ainsi les confrères peuvent être aussi considérés autant que la justice comme des victimes. Les manchettes grasses de certains canards annonçant le détournement de 1 400 milliards d'autres titreront «4 000 milliards de dinars détournés». Pris dans l'euphorie, certains officiers judiciaires chargés de l'enquête mesuraient la profondeur des forages avec la corde et relevaient des différences de trois à quatre mètres. Ceux qui en ont profité de la situation et qui se sont beurré sont des ennemis de la justice et de l'Algérie. Même l'ex-DG des IGF peut être comme un maître chanteur voulant démontrer aux éventuelles victimes» qu'il peut faire la pluie et le beau temps... Ce procès sera-t-il celui des deniers détournés ou celui de la détention préventive ou encore des dispositions contraignantes qui bloquent toute évolution de la juste justice ? Des trois c'est radical et plus juste.