Les débats à l'Université de Tizi Ouzou se poursuivaient, hier avec une communication très attendue de Mustapha Bouchachi, avocat et militant des droits de l'homme. Son passage à l'Ummto, très attendu d'ailleurs, plusieurs fois annoncé et reporté, a été l'occasion pour lui de revenir longuement sur l'actualité qui traverse actuellement notre pays avec un mouvement pacifique réclamant le départ du système, depuis neuf semaines. Aussi, Bouchachi qui a, dès les premières heures, rejoint la rue, n'a pas omis d'exprimer son admiration pour le peuple qui se lève comme un seul homme devant un pouvoir qui cherche à tout prix à se maintenir. Pour l'orateur, les propositions du chef d'état-major, Gaïd Salah ne sont pas recevables parce qu'elles ne prennent pas en compte les demandes exprimées clairement par les millions d'Algériens qui sortent quotidiennement dans la rue. Pour lui, la seule réponse acceptable, de l'armée, est d'exprimer son désir de sortir de l'exercice de la politique pour se consacrer à son rôle que lui confère la Constitution. Le peuple, ajoute Bouchachi, ne cesse de faire des propositions, durant neuf vendredis avec un pacifisme qui a ébahi le monde entier. Une présidence collégiale composée de personnalités qui font consensus parmi le peuple, est l'unique voie de sortie de cette crise. Pour l'hôte de l'université Mouloud-Mammeri, cette structure aura pour tâche de gérer la période de transition pendant laquelle une commission électorale indépendante sera constituée, ainsi qu'un gouvernement pour gérer les affaires courantes. Au registre des interventions du chef d'état-major, l'avocat et le militant des droits de l'homme a considéré que c'est une intrusion de ce dernier dans la chose politique. Très critique également, la position de Mustapha Bouchachi concernant la lutte contre la corruption, qui s'accélère ces derniers jours. L'orateur a jugé qu'il n'est pas temps de se consacrer à ce volet maintenant, considérant que c'est une fois les demandes du peuple satisfaites qu'une justice indépendante pourra se pencher sur la corruption. Il dira d'ailleurs à cet effet que s'attaquer à ces personnalités, sans s'attaquer à ceux qui leur ont permis de s'enrichir, est juste une manière de se jouer de son peuple. Très critique envers la démarche de Gaïd Salah, Bouchachi dira que le plan mis en branle avec le gouvernement de Bensalah signifie que l'armée veut faire durer le pouvoir actuel. Cette institution a le devoir d'accompagner le mouvement du peuple et non d'intervenir d'une façon ou d'une autre, pour imposer un agenda de maintien du système.