Les dernières annonces et décisions du pouvoir sont loin de satisfaire la revendication phare du mouvement. Quelle sera l'étape suivante après le 10 vendredi de mobilisation? Le dialogue de sourds entre le peuple et le pouvoir risque de se poursuivre indéfiniment. A travers leur démonstration de force, les Algériens montrent chaque vendredi leur détermination à aller jusqu'au bout quant à la réalisation des objectifs tracés par le mouvement du 22 février dernier. Mais, le pouvoir, qui ne veut pas céder sur l'essentiel des revendications du soulèvement populaire, semble parier sur l'affaiblissement de la mobilisation. Il est clair que les dernières annonces du pouvoir sont loin de satisfaire la revendication phare du mouvement: une véritable transition démocratique sans les figures du régime. L'institution militaire, qui s'est retrouvée au coeur de la vie politique depuis la démission forcée du chef de l'Etat ne montre toujours pas une volonté d'ouvrir un dialogue direct avec les acteurs politiques et les représentants du mouvement pour résoudre la crise politique. Par contre, l'armée veut imposer sa feuille de route dans le cadre de la Constitution. Elle continue à insister pour que la présidentielle se tienne le 4 juillet prochain. Les mouvement refuse que Abdelkader Bensalah, apparatchik et des plus fidèles à Abdelaziz Bouteflika, tout au long des deux dernières décennies, demeure chef de l'Etat par intérim. De même qu'ils rejettent le gouvernement et le maintien de Noureddine Bedoui, autre fidèle et dévoué à Bouteflika, à la tête du Premier ministère. les ministres du gouvernement Bedoui sont systématiquement conspués, chahutés et chassés par les manifestants lors de leurs déplacement et visites à travers le territoire national. Aucun décret portant fin de fonction du conseiller et frère cadet du chef de l'Etat, Saïd Bouteflika n'est publié au Journal officiel. Cela prouve que le chef de file de la «bande» ou des forces non-constitutionnelles est toujours là. La principale revendication du mouvement est l'ouverture d'une vraie transition dirigée par des instances émanant du mouvement. Le pouvoir à travers les médias publics et les chaînes de télévision privées ont tenté de présenter les poursuites judiciaires lancées par le parquet d'Alger contre certains hommes d'affaires et les dernières décisions de limogeage comme une réponse aux revendications populaires concernant la lutte contre la corruption. Par ailleurs, certains observateurs ont qualifié «d'injonctions» les appels répétés à «accélérer la cadence» des enquêtes anticorruption, lancés aux autorités judiciaires par le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée nationale populaire. L'armée, de son côté, a dénoncé «une lecture erronée» des déclarations du général Gaïd Salah, et le parquet a assuré n'avoir subi «aucune pression». Il est à noter que le chef d'état-major s'est engagé dans ses multiples allocutions à protéger les marches hebdomadaires, tout en fermant hermétiquement tous les accès vers la capitale. Des barrages filtrants de la gendarmerie ont été dressés sur les axes routiers menant vers Alger depuis ce jeudi. Une manoeuvre qui a montré ses limites lors des marches précédentes. Certains titres de presse et observateurs voient dans la mise en avant de l'aspect identitaire dans les poursuites judiciaires contre certains politiques et hommes d'affaires, la volonté de diviser le mouvement populaire. Pour nombre d'observateurs, les enquêtes lancées par la justice et les limogeages opérés à la tête de plusieurs structures publiques pourraient tout jute encourager les manifestants à poursuivre leur mouvement et à augmenter le plafond de leurs revendications.