Appelant le peuple américain à la patience, le président Bush n'en a pas moins affirmé que les USA étaient «en train de gagner la guerre.» Dans un discours solennel adressé à la Nation, le président américain George W.Bush s'est longuement attardé sur la question irakienne appelant le peuple américain à la «patience» et l'assurant, dans le même temps, que les States sont en train «de gagner la guerre», mettant aussi en garde contre tout «défaitisme» au moment où les Américains s'inquiètent de plus en plus face au prix fort que leurs soldats sont en train de payer en Irak pour «pacifier» et «démocratiser» ce pays. Le président George W.Bush a également averti les Américains que d'autres «sacrifices» les attendent eu égard au nombre élevé de pertes américaines en Irak au cours de cette année. S'appuyant sur les élections irakiennes du 15 décembre - qui achèvent en pratique la phase transitoire -, le président Bush s'est adressé dimanche soir à la Nation - pour la première fois depuis l'annonce de l'invasion de l'Irak - dans une allocution solennelle - depuis le bureau Ovale - faisant le point de la situation militaire et politique en Irak et évoquant au passage la possibilité de réduction échelonnée des troupes américaines dans ce pays, tout en refusant de fixer un calendrier d'un désengagement américain. M.Bush a toutefois réitéré que les Américains resteront en Irak jusqu'à l'obtention d'une «victoire» totale. «Non seulement nous pouvons gagner la guerre en Irak, mais nous sommes en train de gagner la guerre en Irak», a ainsi affirmé le chef de l'Etat américain de plus en plus mal à l'aise face à une opinion publique qui demande des comptes à son administration, notamment compte tenu des pertes américaines de plus en plus élevées. Dans son adresse à la Nation, le président Bush s'est ainsi efforcé d'expliquer la stratégie de son administration et les conditions réelles qui sont celles du terrain. Dans ce contexte, il a indiqué que des gens affirment «que la guerre est perdue, et qu´elle ne vaut pas qu´on dépense un centime de plus ni qu´on y consacre un jour supplémentaire». «Je ne crois pas cela», assure-t-il soulignant «Le défaitisme peut avoir des visées partisanes, mais il n´est pas justifié par les faits », admettant toutefois «Nous avons davantage d´épreuves et de sacrifices devant nous». M.Bush a gardé pour l'occasion le profil bas qu'il a adopté depuis la chute brutale de sa côte de popularité dans l'opinion publique, tant du fait de la guerre en Irak, et de ses incidences sur la vie des Américains, que du fait de l'impéritie montrée par les services gouvernementaux suite à la tragédie du cyclone Katrina qui a ravagé en septembre dernier La Louisiane. M.Bush a ainsi reconnu: «Je sais que certaines de mes décisions ont conduit à des pertes terribles (...) je sais que cette guerre est controversée», affirmant dans la foulée que la tâche est «plus difficile que nous ne le prévoyions». Il a surtout reconnu qu´une grande partie des renseignements sur l´arsenal nonconventionnel de Saddam Hussein «se sont révélés faux». Lors de ce discours solennel, M.Bush a également admis que les législatives de jeudi en Irak «ne signifiaient pas la fin de la violence». Interpellant ses opposants, il a ainsi déclaré «J´ai entendu votre désaccord (...) mais notre pays n´a que deux options: la victoire ou la défaite». Rejetant tout «calendrier (de retrait) artificiel (fixé à l'avance)» M.Bush, mettant en exergue les progrès de l'armée irakienne, a affirmé qu'à mesure que l´armée irakienne «s´aguerrit» et que le «processus démocratique» avance, «notre mission devrait réclamer moins de soldats américains», et d'insister «Il est important que chaque Américain comprenne les conséquences d´un retrait d´Irak avant que le travail ne soit terminé». Abordant l'autre point controversé de la stratégie de son administration, la lutte contre le terrorisme, le président américain affirme: «Ma conviction est celle-ci: nous ne créons pas du terrorisme en combattant les terroristes». Extrapolant sur la situation sécuritaire en Irak, le président Bush affirma par ailleurs : «Nous savons, d´après leurs propres communications, qu´ils sentent la corde se resserrer autour de leur cou et qu´ils ont peur de l´avènement d´un Irak démocratique». Or, comme une réponse à ces propos conquérants, - au moment même où le président Bush tentait de rassurer l'opinion publique américaine en s'adressant directement à la Nation - la capitale irakienne Baghdad était ébranlée par de nouveaux attentats qui ont fait cinq morts dans la nuit de dimanche à lundi, montrant que l'administration Bush est de fait, loin du compte et que la résistance, la rébellion ou le terrorisme en Irak, c'est selon, a encore la capacité de frapper quand elle veut et où elle veut, se permettant même le luxe d'observer une trêve comme elle le fit lors des législatives du 15 décembre. De fait, la «victoire» clamée par M Bush est loin d'être acquise et la «pacification» annoncée de l'Irak reste problématique surtout quand c'est le peuple irakien qui paie au prix fort une «démocratisation clés en main» imposée de l'extérieur.