L'édifice, qui ouvre ses portes cinq jours par semaine, dont quatre pour le théâtre, propose en moyenne 150 spectacles par an. Le TNA est l'âme d'Alger. Situé au square Port Saïd, en plein centre de la capitale, dans un lieu qui s'appelait jadis El Djenina, il a à différentes périodes été un lieu de rencontre pour les hommes et femmes de culture de ce pays, pour les artistes, universitaires, écrivains, metteurs en scène, décorateurs, dramaturges, notamment depuis l'indépendance. De grands noms y sont passés. Son actuel directeur, M'hamed Benguettaf est l'enfant de ce théâtre. Aussi loin qu'on remonte dans le temps, il a été là. En tant que comédien, écrivain, metteur en scène, et maintenant, bien sûr en tant que gestionnaire et premier responsable, sans cesser d'écrire ou de monter des pièces. C'est-à-dire qu'artiste il était, artiste il est resté, et c'est là l'essentiel. Pour M.Benguettaf, les débuts à la tête du TNA ont été difficiles, parce qu'il y a eu cette décennie de violence qui a marqué les années 90 et qui a laissé des traces. Beaucoup d'artistes et d'hommes de culture sont soit morts, soit partis pour d'autres cieux, soit admis à la retraite. Le public lui-même, pendant une bonne période, a déserté ce haut lieu de la culture qu'a toujours été l'Opéra d'Alger, pour reprendre l'ancienne appellation de ce sanctuaire. Mais les choses finissent par rentrer dans l'ordre. Rien que les deux dernières années, une bonne dizaine de pièces ont été montées, drainant un public de connaisseurs et d'amateurs de plus en plus nombreux. Il y a eu 8 générales pendant cette saison 2004-2005. Les mordus des planches se donnent rendez-vous à la place Port Saïd à chaque fois que sont programmés soit une pièce soit un spectacle (concert de musique ou de chant). Selon les chiffres cités par son directeur, le TNA, qui ouvre ses portes cinq jours par semaine, dont quatre pour le théâtre, propose en moyenne 150 spectacles par an, toutes disciplines confondues. Il y a eu 26.650 spectateurs pour la saison 2003-2004. Le nombre est monté à 39.000 pour la saison 2004-2005, soit une progression de 14.000 spectateurs. Cela est l'indice, d'une part, du bon travail qui est effectué et de la qualité des pièces, et d'autre part du climat de confiance qui commence à régner dans le pays après la descente aux enfers de la décennie 90. Bienvenu au théâtre donc! Cette nouvelle génération de comédiens, nous dit M'hamed Benguettaf, a trouvé un théâtre pratiquement vide. Les anciens étant partis, soit à l'étranger comme Agoumi, soit à la retraite comme Tadjer, il n'y avait plus de référence ni d'encadrement. Il fallait donc repartir à zéro. Pour pallier ce vide, le directeur du TNA a recruté quelque 17 nouveaux comédiens, qui ont tous reçu une formation académique à l'Institut de Bordj El Kiffan. Ce qui fait que toutes les nouvelles pièces ont été jouées, ou montées par ces jeunes. La comédienne qui joue actuellement Fatma est une nouvelle. Celle qui joue dans la Savetière aussi. La plupart de ces comédiens sont distribués dans deux pièces au moins, ce qui d'un côté représente une masse de travail, mais de l'autre côté, est également bénéfique pour la suite de leur carrière, puisqu'au bout de quelques années, ils auront accumulé de l'expérience et acquis une maîtrise de la scène. Si chaque pièce est produite une cinquantaine de fois, l'artiste aura à son actif une centaine de spectacles par an. Ce qui n'est pas du tout négligeable. En d'autres termes, la période où un artiste pouvait être mis au placard ou se rouler les pouces est révolue, d'autant plus que le budget, qui est limité, oblige à compter les sous et à les utiliser à bon escient. Tant mieux, pourrait-on dire. Alger est une ville qui manque cruellement de salles de spectacle, alors quand on a une salle comme celle du théâtre Mahieddine-Bachtarzi, qui rayonne sur un site prestigieux comme la place Port Saïd, on ne peut qu'en profiter.