Said Chemakh, enseignant au département de tamazight Ummto Les militants aussi connus que Ramdane Achab, Aziz Tari, Idir Ahmed Zaïd... ont permis aux présents de découvrir le long chemin qui a conduit vers la consécration de tamazight comme langue officielle. Après deux journées de débats extrêmement riches et de témoignages aussi poignants les uns que les autres, le rideau est tombé, hier, sur le colloque ayant réuni les militants du combat identitaire amazigh, toutes générations confondues. Une complémentarité remarquable a été constatée entre toutes les interventions et bien que parfois, il s'agissait de parler de la même époque et des mêmes événements, chacun des témoins a apporté sa touche sous un angle nouveau et différent. Les militants aussi connus que Ramdane Achab (également écrivain et chercheur), Aziz Tari, Idir Ahmed Zaïd, Malika Ahmed Zaïd, Saïd Chemakh, etc. ont permis aux présents de découvrir, dans ses moindres détails, le long chemin qui a conduit vers la consécration de tamazight comme langue officielle. Ce qui constitue de l'avis de la majorité, voire de l'ensemble des intervenants, une avancée historique. D'anciens militants de la cause berbère des années 70, nous ont confié qu'à l'époque, sous Boumediène, voire même Chadli Bendjedid, rêver que tamazight allait un jour être reconnue dans la Constitution algérienne comme une langue nationale et officielle était synonyme d'utopie. «Certes, nous étions convaincus de la justesse et de la noblesse incontestable de notre combat, mais de là à croire qu'un tel acquis pouvait devenir une réalité en moins de 40 ans, c'était invraisemblable à l'époque», nous confie l'un des militants les plus actifs du MCB pendant les années de clandestinité. Saïd Chemakh qui enseigne au département de langue et culture amazighes de Tizi Ouzou et qui a, pendant longtemps, milité dans les rangs du MCB, a mis en exergue et en évidence le rôle et l'importance déterminante qu'avait revêtu le séminaire de Yakouren qui avait eu lieu juste après les événements du printemps berbère en 1980. C'était d'ailleurs, l'objet de sa conférence animée hier, dans la matinée. Pour rappel, deux sommités algériennes avaient pris part à ce colloque; il s'agit de Mouloud Mammeri et Kateb Yacine. Ce séminaire a permis de conférer un prolongement concret au printemps berbère puisque, selon Saïd Chemakh, il a réussi à mettre en place une charte et un document historique autour duquel un consensus a été trouvé entre tous les militants de la cause berbère et des droits de l'homme, ainsi que des libertés dont celle de la femme. Le séminaire de Yakouren a inscrit bien évidemment la reconnaissance de tamazight comme langue, culture et histoire, mais a même exigé la reconnaissance de l'arabe algérien. Malheureusement, rappellera Saïd Chemakh, le FLN (Front de Libération nationale) avait répondu une année plus tard (en 1981) «par un contre-dossier» où toutes les revendications du mouvement d'avril 80 ont été éludées et exclues. Pour voir venir les premiers acquis concrets et palpables du combat pour tamazight, il fallait encore patienter pendant plusieurs années, plus d'une dizaine plus exactement. Ce n'est qu'après la marche historique du MCB, le 25 janvier 1990, que l'Etat algérien a daigné enfin accorder l'ouverture de deux départements de langue et culture amazighes dans les universités de Béjaïa et Tizi Ouzou, ont rappelé les animateurs du colloque de Tizi Ouzou.